Matheus Howells

Le physique qui me différencie
Un frisson finit par parcourir son échine.
Poussant un soupir, il décolla ses deux bras des bords de la baignoire pour dégager de son visage ses mèches brumes humides qui obstruaient sa vision.
Glissant un œil sur la majestueuse horloge XIXe qui trônait en haut d'un des murs, il poussa un second soupir.

Sortant de la cuve, ses pieds allèrent rencontrer le sol glacial de sa demeure. Une musique d'ambiance en arrière fond, il alla jusqu'à sa serviette, laissant derrière lui une trace humide sur le parquet. En chemin, son corps croisa la route de son reflet, il s'arrêta. Là, devant lui, dans ce miroir, il se voyait. Là, devant lui, il pouvait se contempler. Il pouvait contempler ce corps qu'il connaissait par coeur et qu'il n'avait pourtant jamais dessiné.

La première chose qu'il remarquait à chaque fois de lui-même était cette petite croix sur le haut de son crâne. En le voyant, il ne pouvait pas s'empêcher de l'effleurer du bout de ses doigts avec un petit sourire. Il devait avoir quinze ans quand il se l'était fait. Il sortait de l'école. Il voulait vite rentrer chez lui. Malheureusement, son pied droit rentra en conflit avec son pied gauche. Il tomba. Sa tête racla violemment le coin pointu d'une marche. Il en garda une petite cicatrice verticale au milieu du front. Ce fut sa créatrice qui lui apposa ce tatouage sur le front pour dissimuler cette petite marque. Un souvenir d'elle, à jamais gravé sur lui.

De ses marques du passé, cette cicatrice est surement la seule qu'il apprécie. En retirant sa main de son front, un léger voile noir alla recouvrir ses yeux bleuâtres. Son regard descendant le long de son corps pour s'arrêter sur un autre point. Sur le début d'une autre marque. Au niveau de ses côtés gauche, on pouvait voir un bout de peau avec une couleur différente. Ce bout n'était que le début d'une longue série qui continuait dans son dos, descendait sur le derrière de sa cuisse gauche pour s'arrêter au niveau du mollet. Les stigmates de l'incendie a jamais gravé sur lui. L'anomalie de son corps qui l'empêchait de se dessiner. Mordillant sa lèvre et secouant la tête comme pour chasser de mauvaises images, il se décolla du miroir pour attraper sa serviette.

Déposée sur sa chevelure, il continua sa route hors de la pièce d'eau, marchand pieds nus à même le sol glacial jusqu'à sa chambre. Il enfila ses vêtements, principalement noirs et qui faisaient ressortir encore plus la blancheur de sa peau avant de mettre ses deux boucles d'oreilles imposantes. De nouveau face à un miroir, il appréciait déjà beaucoup plus le reflet qu'il renvoyait. S'il aimait contempler les autres nus c'est que, d'une certaine manière, il n'arrivait pas à se contempler lui.

Ding, dong.
Timing parfait, son élève du soir venait d'arriver.
Tout était déjà en place pour qu'ils passent … un moment agréable.

Trivia : 1.79m – 69 kg – yeux bleus – beau blanchâtre – chevelure noire – corpulence « rien qui dépasse » - yeux qui virent au rouge quand il est excité – croc de taille normale – une bague autour du pouce gauche.

Le psychologique qui m'habite
Créativité
★★★★★★★★★★

Dessiner, créer et partager sont depuis plusieurs années maintenant ses crédos. Il apprécie l'état d'esprit dans lequel le dessin le plonge. Cette sensation que le monde autour de lui cesse de s'arrêter pour qu'il puisse se concentrer sur la reproduction de cette image qui trotte dans son esprit. Le dessin, c'est une évasion. Une échappatoire. Un purgatoire.

Ce qu'il aime par dessus tout, c'est transposer la beauté. La beauté, elle se trouve partout. Dans les formes, dans l'harmonie, dans l'esthétique, mais aussi au fond de chacun de nous. C'est la raison pour laquelle il aime dessiner le nu. Retourner à cette essence première. A l'apparence première de l'Homme. Dessiner l'autre tel qu'il est, sans le moindre artifice – et se rincer l'oeil au passage. Quoi de mieux ?

Plaisirs
★★★★★★★★☆☆

Chanter, danser, baiser, s'évader, boire, rire, voilà quelques années qu'il ne se limite plus. Il compte bien profiter de chaque année de son immortalité pour s'éclater. Il chante mal, il danse bien, il est mauvais joueur. Dans l'ensemble, il est plutôt une bonne compagnie.

Violence
★★★☆☆☆☆☆☆☆

Il a apprit à se défendre. A utiliser les nouvelles « fonctionnalités» de sa nouvelle existence. Mais ses connaissances s'arrêtent là, à de la défense. Il n'a jamais vraiment voulu apprendre comment manier à la perfection une arme, comme facilement se débarrasser ad vitam æternam de quelqu'un. La violence est pour lui le dernier recours possible dans une situation x.

Neutralité
★★★★★★★★☆☆

Matheus est conscient de ne pas être une arme de point. Il est conscient également que d'autres n'apprécient pas les vampires. Il est conscient que le dehors est dangereux. Par conséquent, il essaye de son mieux d'éviter les emmerdes. De faire l'autruche quand il le peut ou clamer être la Suisse. Il est plus du genre à recourir à la diplomatie pour résoudre un souci que de montrer les crocs. Il n'aime pas avoir des « ennemis » et être l'ennemi de quelqu'un. Il reste généralement chez lui et lorsqu'il sort, il essaye au maximun d'éviter les zones tendues. S'il est content d'être désormais immortel, c'est pour profiter de ce cadeau pour profiter de la vie et développer son talent. Pas pour se suicider en taquinant le museau d'un lycan.


*****

Outre cela, il aime bien collectionner des « trucs ». Des reproductions d'oeuvres célèbres, des dessins préparatoires d'artistes x. Il conserve l'ensemble chez lui, dans son « atelier » et les laisse en accès libre pour ses élèves.

Il y a cependant une chose qu'il fait savoir à propos de son école de dessins : il fait froid dedans. Très froid en hiver surtout. Pourquoi ? Car il n'existe aucun système de chauffage dans l'ensemble de la demeure. Même les lumières ont été choisi pour ne transmettre de la chaleur. La raison ? Son accident. Cela doit faire presque 50 ans, il en reste pas moins marqué. Telle une cicatrice indélébile dans son coeur et sur son corps. Il n'aime pas les sources de chaleur et, de toutes, le feu est celle qui le paralyse.

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Humains
★★★★★★☆☆☆☆

A l'échelle humaine, c'est comme s'il avait 52 ans. C'est encore un « âge humain ». Ses parents, sa sœur même ses neveux et nièces sont encore vivants. Bien qu'il ne les fréquente presque plus, ils sont ceux qui le raccroche encore à son humanité. Mais d'un autre côté, il ne peut pas nier apprécier le fait de boire « à la source », de sentir ce liquide carmin parcourir ses veines et lui procurer un plaisir inégalable.

Note : il est du genre à toujours demander l' « autorisation » avant de mordre.

Vampires
★★★★★★★☆☆☆

Se sentant trop « jeune » pour être sensible au discours des ancestraux et encore trop « humain » pour adhérer à l'idéologie des sanguinaires, il ère entre les deux. Quoiqu'il en soit, il voue un réel respect à ses paires. Il apprécie énormément sa « nouvelle » condition et se sent redevable à jamais envers sa créatrice. La vie humaine est bien trop courte, angoissante qu'il est bien content d'en être « libéré ».

Lycans
★★★☆☆☆☆☆☆☆

Durant ses 27 petites années vampiriques, Matheus n'a eu aucun problème majeur avec cette race. Il a une rancoeur naturelle envers eux, mais pas au point de vouloir tous les voir creuver. Par sécurité, il préfère les éviter. D'ailleurs, son « école » n'est pas ouverte aux lycans.

Le passé qui m'a construit
Suffocation.

Une chaleur étouffante.
Des poussières noirâtres qui ne cessèrent de se glisser dans ses yeux à chaque fois qu'il battait un cil pour comprendre ce qui se passait.
Respirer. Si difficile. Chaque bouchée semblait être un supplice.

Force ? Elle semblait avoir quitté son corps.
Toussant pour recracher cette suie qui s'immisçait à l'intérieur de ses bronches, il parvenu à se glisser sur le côté, hors de son lit.

Les sons bourdonnaient.
Les images se succédaient.
L'air s'amoindrissait.
La douleur, elle, arrivait.

Soudain, une forme se dessinait devant lui. Floue, il était incapable de la définir. Elle paraissait si proche pourtant, ce bras qu'il leva avec peine vers elle n'arrivait pas à l'atteindre.

La poussière lui dévorait les yeux.
L'air était devenu complètement lourd.
Son bras retomba bien vite, claquant sur le sol pourtant froid de sa chambre.
Immobile, sur le côté, ses yeux regardèrent une dernière fois cette forme avant de se clore.

*******



*******

Poussant un petit gémissement, le garçon s'agita.
Ouvrant un œil, peinant à prendre sa première respiration, il regarda la plafond blanc de la pièce dans laquelle il se trouvait. Ce blanc était … différent de celui de sa chambre.
Clignant des yeux, il bougea son bras droit afin de s'en servir pour se redresser. Cependant, quelquechose semblait y être accroché. Sa vue, trouble, commençait à devenir de plus en plus nette. Un câble ?
Les petits bourdonnements au niveau de ses oreilles cessèrent aussi. Les bruits alentours commençaient à devenir audible. En particulier le « ne bouge pas » que quelqu'un lui glissa. Cette voix, il la connaissait. Il la connaissait très bien même. Pourtant, son cerveau peina à l'identifier. Il semblait fonctionner … comme au ralenti ?
« Tu es encore faible » lui glissa-t-il, toujours sur cette intonation très douce. Sa main chaude alla se poser sur son bras, le faisant frissonner légèrement. « Ton père est avec ta sœur, elle va bien. »
Et là, ce fut le flash. Toutes les images de la nuit précédente heurtèrent sa conscience. Le feu. La fumée. Les fleurs de sa sœur. Les flammes. La suffocation. La paralysie et cette silhouette qui n'était autre que ce pompier qui l'avait arraché à cet enfer.

Depuis cet instant et à jamais, l'enfant développa une peur irrationnelle pour toutes les sources de chaleur.

A partir de là, la vie du garçon bascula. Lui qui fut couvé par ses parents et apprécié de ses camarades, les choses changèrent. Et pour une seule raison : les stigmates de l'accident visibles à jamais sur sa chair. Des deux enfants du couple, il fut celui qui conserva le plus de brulure, en partie sur la partie arrière gauche de son corps. L'enfant est innocent, mais l'enfant est cruel. Rapidement, il fut pointé du doigt à l'école comme étant « différent ». On s'amusait à lui soulever l'arrière de son tee-shirt pour « les voir ». Ce que les enfants ne comprenaient pas, c'est qu'à mesure qu'on le forçait à les montrer, les images traumatisants de cette nuit revenaient également. Il en a pleuré la nuit. Il en a fait des cauchemars. Des sursauts involontaires en sueurs au milieu de la nuit. Des tremblements incontrôlables jusqu'au matin.

Les années passèrent. Ses peurs nocturnes diminuèrent et ses cicatrices se transformèrent en un complexe. Il ne voulait pas que les autres les voient. Il portait souvent des manches longues, même en été. Lors des cours de sport, il était le seul à se changer dans les toilettes et non dans les vestiaires communs. Evidemment, des murmures s'étaient élevés et rapidement il fut ranger dans la case des « bizarres » durant sa scolarité. Ceux avec qui les « élites populaires » de la cour de récré ne voulaient pas se mêler. Cette forme d'exclusion l'affecta évidemment, mais pas de manière profonde car il trouva rapidement une échappatoire à la solitude : le dessin. Déjà avant l'accident, il s'amusait à recopier les personnages de ses dessins animés préférés.

Le matin en se levant, il dessinait.
La journée, au milieu des cours, il dessinait.
Le soir, au lieu de faire ses devoirs, il dessinait.
Cette nouvelle passion ne fut pas sans conséquence :
Ses notes baissèrent, sauf en art plastique évidemment.
Son attention en classe diminuait.
Les remarques des professeurs et de ses parents augmentaient.
La sympathie des autres élèves perturbateurs des cours, elle aussi, augmenta.

A croire que le plus attirait toujours le moins.

Il passa limite au lycée. En récompense de cette prouesse, ses parents n'y croyaient pas, ils lui payèrent des cours de dessins en espérant que cela allait « calmer » ses envies incessantes de faire courir un crayon sur un support. Ce fut un bon pari. En échange, le garçon se montra plus attentif en cours. Le lycée terminé, ses parents ne furent pas surpris lorsqu'il leur annonça voulant poursuivre ses études dans une école d'art graphique. Il ne savait pas trop encore ce qu'il voulait faire plus tard. La seule chose qui le préoccupait était de pouvoir dessiner. Pouvoir s'améliorer. Ce qu'il aimait dessiner, c'était les corps. Humains, animaux, il voulait connaître chaque secret de l'anatomie. C'est par cette attirance qu'il développa en parallèle une fixation sur les œuvres greco-romaines et sur le classicisme ou bien sur l'artiste suprême du corps : Michel-Ange.

2003. 23 ans. Encore étudiant, il décide de réaliser son mémoire sur des comparaisons anatomiques entre différents sculptures romaines. Pour cela, il est accepté en stage dans une école de dessin de la banlieue londonienne possédant des moulages en plâtre de réelles sculptures antiques. Ce fut là, qu'il la rencontra. Elle ne connaissait rien au dessin. Elle venait, posait pour les élèves des cours du soir et disparaissait aussitôt dans la brume. Elle était belle. Elle était irréelle. Une peau si claire et des cheveux pourtant si foncés. Un bleu glacial dans les yeux et des lèvres si rouges. Ses formes, sa morphologie, son aisance à être contemplé sous tous les angles une fois sa robe tombée l'ensorcelait complètement. Tellement fasciné, qu'une fois son diplôme en poche, il décida de venir étudiant dans cette même école. Non pas pour apprendre, mais pour la voir. Pour la dessiner. Chaque millimètre de son corps passa sous le trait de son crayon. Chaque posture. Chaque sourire. Chaque expression.

Elle le savait. Elle le savait qu'elle l'inspirait. Elle le savait qu'elle l'attirait. Et elle en jouait. Les deux se rapprochèrent en se tournant autour. D'une modèle mystérieuse, elle devint une amie mystérieuse. D'une amie mystérieuse, elle devient une amante nébuleuse. Elle était sa muse, il était son jouet. Sans jamais poser la moindre question, il l'attendait. Elle venait le soir, elle disparaissait le soir. Peu à peu, elle lui confia des brides d'informations sur elle. Des phrases brumeuses prononcées de manière déconstruites. Il lui fallu près de deux ans pour commencer à construire le passif mystérieux de cette femme. Deux ans à comprendre les irrégularités. Les anachronismes. Les incohérences. Les bruits courraient sur les êtres de la nuit. Une partie de lui, au fond, savait ce qu'elle était. Il avait beau fermer les yeux, les crocs ne mentaient pas. Il était sa proie, elle était son chasseur. La fin de l'idylle, le jeune homme la connaissait. Cependant, une chose était à garder à l'esprit : l'agneau s'était volontairement jeté dans les crocs du loup.

2005. Elle le transforma.
Durant plus de 25 ans, il resta sous sa jupe et dans ses draps.

Elle lui apprit à contrôler sa nouvelle vie. A maitriser ses pulsions. Elle lui confia son histoire, celle de son peuple. Les coutumes, les traditions. Elle l'informa de la situation avec les lycans. Elle l'endoctrina dans cette forme d'haine contre cette autre espèce. Elle lui apprit à se défendre, à tirer avantage de sa nouvelle condition.

Sa transformation étant encore récente, il ne savait pas quel combat rejoindre. Il se sentait encore humain. Conscient des dangers du monde et des querelles d'espèces, il décida de s'éloigner de sa créatrice plus radicale pour partir vivre « sa vie ». La seule chose qui l'animait était la même qu'auparavant : dessin, s'améliorer. Il avait désormais l'éternité pour se perfectionner.

Le jour, quand il ne peut sortir, il dessine et poste ses œuvres sur son site internet. « Web artiste » qu'on le qualifie. Il réalise aussi des commandes passées par des particuliers et des professionnels. Il reçoit parfois à la nuit tombée des élèves désirant d'apprendre les secrets de l'anatomie.