Une seule morsure, d'accord? (PV : Matheus Howells)

Enfin en permission et sans Stephen dans les environs pour me faire chier. Ce vampire plutôt doué au lit était des plus insupportables et même si sa présence me manquait d’une certaine façon, c’était un tel soulagement sur le plan de l’énergie de ne pas avoir à répondre à ses propos sexistes à chaque seconde. L’idée de l’appeler pour terminer la nuit était bien plaisante, ou pas… Je décidais de laisser congé à mon pauvre cerveau de ses idioties pour me concentrer sur le sport un peu. Excellente coureuse, l’armée de l’air m’imposait ce critère pour garder ma position comme squad leader. Si bien que l’exercice physique faisait partie de mon mode de vie, comme manger ou dormir.

Quittant le domicile familial ou j’avais une chambre, je signalais à ma mère le peu de chance que j’avais de rentrer. Habitué à mon mode de vie plutôt actif sur de nombreux plans, j’eus droit à des yeux au ciel en simple réponse alors qu’elle m’intimait de me protéger. Ho, pauvre maman… Si elle savait le nombre d’hommes qui avait eu le loisir de se décharger sans me mettre enceinte. Je me retenais de lui dire que je connaissais l’existence des condoms, puis m’inclinait en quittant la maison, équipée de mon sac à dos avec des vêtements de rechange.

Habillés d’une camisole de sport moulante, mes leggins noirs étaient idéaux pour ma course. Dans mon sac se trouvaient des vêtements qui me permettraient de sortir après être passé dans une toilette publique pour être plus présentable. Mon téléphone dans un étui de cuir à mon bras, il jouait une musique entraînante à souhait alors que les paysages défilaient au rythme de mes pas. Je courais sans regarder autour réellement, mon monde se réduisant à la route et la musique. Je perdais notion de cette douleur dans mes jambes, signe du travail dans mes muscles. Mon souffle devenait plus rapide, inspirant par le nez et expirant par la bouche. La sueur commençait à couler le long de mon dos, laissant sortir les toxines de mon organisme avec une vague de soulagement.

Les chemins devenaient rapidement plus agréables à l’œil, alors que la verdure du parc était bien plus jolie que les déchets humains dans les rues. Résidus des hommes, pollution dans notre environnement laissé au sol sans aucun remords. La déchéance humaine à son plus beau portrait, alors que Londres était bien dans les responsables du réchauffement climatique. Coincé dans mes pensées, je regardais le ciel étoilé. Il devrait être dans les 21h environs et pas de nuage à l’horizon. La demi-lune éclairant le ciel de sa lueur blanche et froide.

Je ressentais soudainement une douleur sourde à ma cheville droite. La sensation de tomber brièvement, avant de perdre pied complètement. Mon pied étant au fond d’un trou tout de même profond, mon autre jambe cherchait la surface au même niveau et me faisait alors tomber au sol maladroitement dans ce déséquilibre. Je sentais ma cheville tourner dans un sens peu agréable, avant de m’effondrer au sol en grognant. Couché sur le ventre, je grimaçais en voulant me redresser, observant l’intérieur de mes mains légèrement égratigné. Me tournant sur le dos, je prenais la peine de m’assoir sur les fesses en retirant mes écouteurs,

-Fait chier bordel…

Mon pantalon au niveau des genoux était ruiné, un peu de sang apparent sur une plaie a mon genou gauche et ma cheville? Rien en apparence, mais celle de droite me créait des élancements, une douleur sourde et constante. Sérieusement? En plus d’être dégoûtante, l’état des routes de cette ville était nul! Je claquais alors ma langue avec mécontentement et me redressait. Je restais une militaire, une femme forte et fière. Une fois debout, impossible de poser du poids sur cette cheville blessé. Grimaçant, je cherchais rapidement un banc du regard, avant de sautiller pour m’y laisser tomber. Merde, j’allais peut-être devoir appeler mère, ou père, ou pire… Stephen pour venir me chercher? Cela lui ferait bien trop plaisir! Replaçant la mèche de ma franche derrière une oreille, je soupirais en appuyant ma tête sur le banc, ma queue de cheval faisant office d’oreiller improvisée.

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Il fixa l'objet au sol.

Se frottant l'arrête nasale, il marmonna des jurons envers lui-même.
Levant les yeux au ciel, il alla chercher la balayette et ramasser les restes de son ancienne cafetière et de l'objet du crime.

Quelques dizaines de minutes auparavant, monsieur venait de mettre en route cette dite machine. En raison de sa phobie pour les sources de chaleurs, il avait attendu que son café tiédisse dans l'appareil. Pensant avoir attendu longtemps, il s'était emparé de sa tasse comme il a l'habitude de le faire. Seulement, il n'avait pas fait attention. Il n'avait pas posé sa tasse habituelle qui ne chauffait pas, mais un simple verre. Ainsi, en posant ses doigts dessus pour le saisir, il ne s'attendait pas à sentir quelque chose. Résultat ? Il paniqua. Il envoya avec une force pas vraiment controlée ledit verre dans ladite cafetière qui, par un concours de circonstance impossible, bascula de son plan de travail pour s'écraser pitoyablement sur le sol. Une vraie scène de crime. Des bouts de plastiques, de verre et du café se faufilant fourbement sous les différents meubles.

Une fois le ménage effectué, il ne pu que constater la mort de sa cafetière. Soupirant pour la énième fois, sn premier réflexe fut donc d'ouvrir son ordinateur pour chercher une remplaçante. Il y a quelque jour, il avait remarqué un modèle qui l'intéressait. Comme quoi, cette mort tombait presque au bon moment … Cependant, la boutique fabriquant ce modèle, semblait ne pas livrer. Dommage. En revanche, elle disposait d'une boutique dans le nord-est de Londres ouverte tard dans la soirée. Bien. Comme il n'avait rien d'urgent prévu aujourd'hui, il décida de s'y rendre une fois la nuit tombée. Une fois sur place, la roue de la Fortune continuait de tourner en sa défaveur : le modèle en question n'était pas disponible. Il devait le commander et venir le chercher une autre fois. Eh beh. Il aurait mieux fait de téléphoner en avance, tiens. Cela lui aurait empêché une sortie imprévue dans ce monde si hostile.

Et comme les étoiles continuaient à être alignées sous le signe de « la poisse », Matheus ne put pas prendre la station de métro par laquelle il était arrivé en raison d'un incident technique. Poussant un juron, il décida donc de marcher jusqu'à la suivante. Son téléphone portable lui indiqua que le chemin le plus court était de couper par les jardins. Bien. Lui qui était énervé, cette petite balade champêtre lui fit du bien. Il se calma et diminua même sa cadence pour apprécier la douceur et le calme du lieu. Un calme rapidement troublé par un juron qui, ce coup-ci, ne venait pas de lui. Un cri féminin plaintif dont on pouvait déduire une once de douleur dedans. Inspirant un peu, le jeune vampire décida de marcher en sa direction pour s'assurer que la personne venait de l'émettre allait bien. Il la vit rapidement. Une jeune femme en tenue de sport laissant voir ses formes clopiner ridiculement vers le banc le plus proche. Sur le coup, Matheus avait retenu un petit pouffement moqueur.

- Hey, tu vas bien ?

Se contenta-t-il de dire depuis l'emplacement où il se trouvait, marchant en sa direction. Soudain, alors qu'il ne se trouvait plus qu'à quelques pas d'elle, le brun à la croix se figea. Il fit même un pas de recul, plaça une main sur son visage. Durant l'espace d'un instant, il avait perdu le contrôle. Ses yeux avaient perdu leur couleur bleutée l'espace d'un instant pour faire place à un rouge vif, un rouge carmin. Elle était blessée. Il venait de sentir l'odeur du sang et son corps avait réagi immédiatement. Il pouvait déjà sentir ses canines grossir contre sa lèvre inférieure. Une voix intérieure lui disait d'y aller, de se jeter sur elle, de se servir. Heureusement pour elle, il avait rapidement réussi à reprendre le dessus et faire primer sa conscience. Cette humaine pouvait remercier sa créatrice qui avait correctement fait le boulot. En revanche, avait un saignement actif, elle n'était pas à l'abris d'être pris en cible par d'autres vampires plus instables ou violents.

- Désolé. Je n'avais pas vu que tu saignais. Je ne te ferai rien, n'ait crainte. En revanche, il va falloir faire stopper le saignement. Tu risques d'attirer d'autres noctambules moins … moins … sympas ? Puis-je regarder ta blessure ?

Contemplant mon genou gauche et ma cheville droite avec une moue des plus dégoutée. Je devais accepter la réalité… Ma vie était loin d’être ruinée, ce n’était qu’une petite blessure et un ligament enflé possiblement! Je n’avais qu’à prendre des anti-inflammatoires, suivi de relaxant musculaire avec de la glace pour être de nouveau en forme demain! Enfin, j’avais bon espoir que cela allait être aussi simple sur le plan de la guérison, même si je me doutais forcément qu’une petite visite chez le Médecin allait s’imposer si l’enflure était constante pendant plus de trois jours. Non, je ne pouvais pas me le permettre et l’idée de forcer la note pour ramper jusque chez moi telle une brave handicapée était tentante… Mais cela signifiait empirer ma blessure et augmenter les risques de complication. Quelle poisse!

Le rire moqueur attirait aussitôt mon attention. Un rire masculin, alors que mes prunelles en cherchaient aussitôt la source avidement. Mon œillade tombait alors sur le créateur de ce bruit. Un jeune homme à la chevelure brune, il approchait, me demandant si j’allais bien et je ne pus m’empêcher de sourire en me grattant alors l’arrière de la tête, ne cherchant pas à lui cacher la vérité alors que ma situation précaire était bien visible,

-J’aimerais te dire que tout va à merveille… Que tout est parfait en cette nuit étoilée, mais tu as bien vu la chute que je me suis prise.

J’échappais un petit rire amusé, authentique alors que je préférais rire de ma situation plutôt que de sombrer dans la honte de ma fierté trop grande suite à une chute digne d’une vieille personne sans déambulateur. Il faut bien apprendre à rire de soi à l’occasion, à prendre les problèmes un grain de sel,

-Je n’ai pas vu le trou et les routes sont dignes d’un véritable champ de mines! Eh… Tu vas bien?

Je lui relançais la question, alors qu’il s’immobilisait à quelques pas de ma personne. Son regard océan prenant un teint rubis soudainement, je réalisais la soudaine dangerosité de ma situation. Un vampire, du sang, une cheville blessée… N’étant pas en service militaire, mon arme était loin sur la base et je ne pouvais pas courir, il ne restait qu’à espérer qu’il se reprenne en main ou soit complètement nul au corps à corps. Mais une humaine face à un vampire, peu importe mon entraînement, s’il était un minimum âgé, je ne donnais pas cher de ma peau. Les épaules tendues, je restais sur le qui-vive. Fixant son regard dans l’espoir de voir de nouveau briller cet éclair céruléen.

-Eh mon gars...

Son éclair de lucidité revenait rapidement à la charge. Je retrouvais cette lueur d’humanité dans son regard, alors qu’il me présentait ses excuses pour ce petit écart de comportement. Je soupirais de soulagement sans me cacher. À quoi bon mentir et faire la dure dans mon état? Je lui envoyais plutôt un sourire soulagé, alors que je hochais la tête en étirant la jambe, question de montrer ma blessure bien en évidence. Je ne lui faisais pas complètement confiance, mais déjà, il venait de me montrer ses bonnes intentions et cela me suffisait pour ce soir,

-Tu peux regarder, mais je crains ne pas avoir de trousse de premiers soins en ma possession. Que vas-tu utiliser pour bloquer l’écoulement de sang? Je suis peu habillé et à part une chaussette…

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Bien que sa perte de contrôle n'ait duré qu'un bref instant, l'humaine l'avait remarqué. Il avait d'ailleurs senti sa méfiance puis son soulagement lorsqu'il avait repris le contrôle. Terroriser une demoiselle en position de faiblesse, niveau gentleman, on repassera … Attendant son autorisation pour s'approcher, il s'exécuta une fois cette dernière reçue. La jeune femme lui indiqua ne pas posséder de trousse de secours, ni quoi que ce soit pouvant être utile. Plus concentré sur la blessure de l'humaine que là où il posait ses pieds, le vampire manqua de tomber à son tour. Cependant, à l'inverse de la victime, il avait réussi à se reprendre. Poussant un juron, il lança un regard à la cause de son déséquilibre : un vilain trou dans la chaussée. Fronçant les sourcils, il regarda ensuite la cheville blessée de la jeune femme. Ouais. Pas besoin de faire un dessin, il venait de comprendre ce qui lui était arrivé. Le plus drôle dans l'histoire, c'est qu'elle l'avait pourtant prévenu quelques instants auparavant …

« Eh beh. On a failli être deux dans la même situation » Commenta-t-il avec un petit sourire. Jetant un dernier regard mauvais au fameux trou, il détourna ensuite son attention sur la blessure de l'humaine. Se penchant doucement, évitant de faire le moindre geste brusque, il regarda dans un premier temps la blessure de plus près. Elle était vilaine. Se redressant pour regarder autour de lui, le vampire plissa une nouvelle fois des yeux. Lui non plus ne possédait pas de trousses de secours sur lui et ses cours de premiers soins étaient … loin derrière lui. Autant dire qu'il ne savait pas du tout quoi faire … Pourtant, il essayait de rester calme pour ne laisser rien paraître. Il allait devoir trouver une idée et vite. Il se voyait mal demander sa chaussette … Bon déjà, il pouvait la redresser et faire en sorte que sa jambe ne touche pas trop le sol. La position dans laquelle elle se trouvait n'était pas idéale car elle devait quand même reposer dessus.

« Ecoute. Je vais déjà te porter jusqu'à ce banc, d'accord ? » La question était rhétorique. Il n'attendait pas vraiment de oui, ou même de non, de la part de la jeune femme. Le banc n'était pas très long. Il la porta telle une princesse et sans trop de difficulté, merci la force vampirique, jusqu'audit banc et la posa délicatement dessus. Prenant son téléphone dans une main, il activa la lumière de celui-ci et se pencha de nouveau pour regarder la jambe blessée. Le sang n'était pas l'élément le plus problématique. Il s'agissait plutôt de l'enflamment de sa cheville. Eteignant son téléphone et le glissant dans sa poche arrière, Matheus décida de placer ses deux mains autour de la zone enflée. L'avantage d'être un vampire, c'était son corps. Le froid devait aider la jeune femme à diminuer la douleur pendant qu'il allait réfléchir à la suite.

« Tu habites loin d'ici ? Je peux te ramener ou bien on peut voir s'il existe une pharmacie ouverte non loin de là. Tu vas avoir besoin d'une poche de glace et de quoi immobiliser ta cheville. Le saignement n'est pas très important, mas il faudrait pouvoir désinfecter cela par sécurité. » Il plissa des yeux et regarda autour de lui. Il ne connaissait pas bien ce lieu de la ville. Il n'avait pas trop l'habitude de passer par ici. En revanche, Matheus savait que des pharmacies étaient encore ouvertes à cette heure là. Probablement une des adaptations à laquelle le monde avait dû faire face en apprenant l'existence des noctambules. « Je miserai plutôt sur la pharmacie. Tu en connais une ? » Ne pouvant pas regarder sur son téléphone en raison de ses mains toujours placées sur la cheville de l'humaine, il misa sur le fait qu'elle devait connaître le coin si elle faisait souvent son footing ici.

Je tournais mon regard vers l’arrière et le banc en question. Je ne m’assois jamais normalement, habitude militaire alors que j’ai plutôt l’habitude de rester debout et droite. Mais pour cette fois, je ne me voyais pas rester sur mes jambes effectivement. Du moins, pas longtemps. Mes entrainements militaires me revenaient en mémoire, les nombreuses fois que j’avais dû me relever malgré mes blessures, empirant celle-ci par fierté et orgueil. J’avais la tentation de faire une nouvelle fois la même chose, de poser mon poids normalement sur cette cheville de façon téméraire, l’aggravant en démontrant un égo voulant égaliser la testostérone. Puéril. Non, aujourd’hui je n’avais pas besoin de me relever seule, je n’étais pas devant un instructeur, pas sur le champ de bataille luttant pour ma vie et celle de mon pays. Je le laissais me transporter comme une princesse et lui souriais alors avec amusement,

-Je me croirais presque dans un conte de fées!

Soupirant lorsque mon fessier entrait en contact avec ce banc froid en cette soirée tiède, je me retenais de penser aux nombreuses maladies qui devaient circuler sur celui-ci. Un banc dans un espace public, combien de personnes avaient dû s’y asseoir durant la journée? Dix, vingt, cent personnes? Combien étaient possiblement malades dans ce lot? Non, je ne devais pas penser à cela alors que mon corps tiède avait encore des perles de sueur à quelques endroits de l’effort physique de ma course. Il ouvrait son téléphone cellulaire pour illuminer ma blessure. Me redressant, je faisais saillir les minces lignes de mes abdominaux et observait également le résultat. Le genou saignait légèrement, mais rien de dramatique. La cheville par contre, il allait me falloir de la glace et un aide technique à la marche. Il posait alors ses mains sur mon membre et je souriais doucement. Intelligent, sa race avait bien cet avantage. Alors qu’il me proposait des solutions, je pris un air pensif. La pharmacie semblait effectivement une bonne idée, mais j’habitais tout près d’ici et j’avais déjà tout le nécessaire à mon appartement.

-Allons chez moi plutôt, j’habite tout près d’ici et j’ai tout ce qu’il faut dans ma pharmacie personnelle.

Avec mon addiction pour l’adrénaline et mes emplois dans l’armée de l’air, il est important d’être toujours préparé en cas de blessure. Mieux vaut prévenir que guérir après tout! Me redressant sur le banc, je lui facilitais la tâche pour me reprendre comme une princesse, alors que je lui envoyais un petit sourire en coin, redressant un bras que je me préparais à passer autour de son cou,

-Je vais te guider mon prince charmant.

Je pensais mes mots. Autant qu’il m’avait fait une fausse frayeur au départ, qu’il s’était repris en main et démontrait depuis toutes les qualités d’un homme galant. Il veillait présentement à mon bien-être, a soigné cette blessure et avait poussé ses instincts prédateurs sur le côté. Pour cela, il méritait le titre du prince charmant. Alors qu’il me soulevait, mon bras passait autour de son cou et je lui indiquais la direction à prendre pour rentrer chez moi, le guidant au fur et à mesure,

-Il va falloir sortir du parc pour rejoindre le boulevard Creed, juste à gauche à la sortie.

Après quelques instants de silence, ses pas arpentaient le ciment noir de la piste de course. Les arbres défilaient autour de nous, des feuilles tombant au sol à l’occasion. C’est alors que je me détendais finalement dans ses bras et l’observait. Des traits jeunes, mais je ne pouvais me fier à cela en vue de sa race.

-Je me nomme Kelly. Kelly Green. Quel est ton nom?

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Elle était vraiment détendue que ça en était agréable. Lui aussi, pouvait se détendre un peu. Il avait la sensation qu'elle le ne voyait pas comme une menace désormais, ce qui était rassurant. Elle se laissait faire, détendant même l'atmosphère avec la joie de vivre qui émanait d'elle. Rapidement, les traits embêtés du visage du vampire s'étaient détendue pour laisser paraître un peu d'amusement. Ainsi donc, le voilà tel un prince charmant guidant sa belle jusque chez elle ? L'image était plaisante. Elle était assez impressionnante. La douleur devait pourtant être saisissante, elle ne laissait rien paraître. Il glissa de nouveau un bras au niveau de son dos et le second au creux de ses jambes pour la conduire vers l'endroit qu'elle lui indiquait. Encore une fois, il pouvait remercier sa force vampirique. Elle pesait son poids, malgré tout, mais la porter ne demandait pas un effort survampire pour lui. Heureusement aussi qu'elle habitait non loin de là. S'il avait dû faire la totalité de la ville en la portant, il aurait vite moins fait le malin …

- Je suis Matheus Howells, enchanté.

Il se laissa guider à travers les rues, regardant en face de lui. Il ne pouvait pas s'empêcher aussi de surveiller les alentours. Elle saignait. C'était la nuit. Sa vulnérabilité pouvait être la source de convoitise de la part d'autres noctambules. Situation qui, si elle venait à se présenter, serait particulièrement problématique. Et oui, il était un vampire peut-être, mais il était loin d'être un as au combat. Il l'évitait d'ailleurs. Il n'était pas devenu vampire pour s'échauffer avec les individus des autres races. Dès qu'il sentait être face à un danger, il avait pour habitude de prendre la fuite. Cependant, avec une âme dans ses bras, il allait avoir du mal à être rapide. Et évidemment, il ne serait pas capable de l'abandonner. Clairement, dans cette ville de flots et de sangs, il n'était pas vraiment à sa place.

Entendant des pas dans une ruelle annexe grâce à son ouïe développée, il accéléra machinalement le pas. Redressant plusieurs fois Kelly car … bah … Elle glissait un peu. Ce serait con de la faire tomber en ne faisant pas gaffe non ? Les pas se rapprochèrent de plus en plus. Matheus serra un peu plus la prise sur son corps, commençant à se mâcher machinalement la lèvre inférieure. Et puis la situation qu'il redoutait depuis le début se présenta. Un individu sorti d'une ruelle pile au moment où les deux arrivèrent au croisement alors qu'ils n'étaient qu'à quelques mètres du logement de l'humaine. En le voyant, Matheus s'était immobilisé. L'autre aussi, s'était immobilisé. Durant quelques secondes, ils s'étaient dévisagés. L'autre avait aussi baissé les yeux sur ce qu'il portait entre les bras. Mat retenait sa respiration, cherchant ce qu'il allait bien pouvoir faire si l'autre se rapprochait … La tension était assez palpable. Il serrait encore un peu plus Kelly contre lui. Puis … Finalement, l'autre lui lança un sourire avant de passer son chemin. Pensait-il qu'elle était sa proie et que, par respect, il la lui laissa ? Aucune idée. Mais il n'était plus là. C'était la seule chose qui comptait. Le jeune vampire desserra sa prise maintenant que la tension était redescendue. Il lâcha d'ailleurs un bon soupir de soulagement.

- Mieux vaut rentrer rapidement.

Murmura-t-il en déposant son regard sur l'immeuble. Un petit sourire réussit à reprendre place sur ses lèvres. N'était-elle pas en train de l'inviter chez elle ? Dans de nombreux folklores, inviter un vampire chez soi, n'était-ce pas consentir à ce qu'il vous morde ? L'inviter à revenir ?

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