Lucien Leroy [en cours]

Le physique qui me différencie
Soupirant, Lucien retira son long t-shirt noir et le jeta parterre. Il rouvrit le côté gauche de son armoire et en sortie une chemise blanche pressée qu’il enfila aussitôt. Un nouveau soupire lui échappa en s’observant dans le miroir de la coiffeuse ; il était trop maigre. Ses épaules étaient minces et osseuses, ses longues jambes couvertes d’un jean noir étaient trop fines et il savait que sous ses vêtements, on pouvait presque voir ses cottes. Rien ne seyait à cette silhouette squelettique.

S’approchant de la coiffeuse, il s’y installa délicatement et fronça les sourcils sur ses cheveux. Ils étaient trop longs et adoucissaient encore plus les traits déjà trop fins de son visage. Ses yeux sombres d’un brun foncé étaient larges – bien trop large sur son visage – et manquaient tristement de vie. On aurait dit les yeux d’un poisson mort. Grimaçant à cette comparaison, il descendit son attention sur son nez : il était fin et droit. Jolie. Comme celui de sa mère biologique, lui avaient dit ses parents. Il le détestait. Descendant encore plus, son attention se porta finalement sur ses lèvres fines et les trouva soudainement trop nue.

Elle s’empara d’un bâton de rouge à lèvres et joua avec, le faisant passer à travers ses longs doigts osseux. Elle aimait bien cette couleur. Mais pas avec cette chemise. Elle redéposa le tube et se dirigea vers le côté droit de l’armoire duquel elle tira un long haut noir au col roulé. Se changeant rapidement, elle retourna à la coiffeuse pour se peindre les lèvres d’un rouge coquelicot.

Passant une main à travers ses cheveux soyeux, elle sourit légèrement ; elle les adorait. De longues tresses brun foncé tombant gracieusement contre son dos et jusqu’à ses cuisses. Elle aimait bien les lâcher et les sentir se balancer derrière elle mais, ce n’était malheureusement pas toujours très pratique. Rassemblant ses cheveux en une queue de cheval haute, elle les attacha avec une facilité parlant de l’habitude à l’aide d’un élastique rouge.
Elle enfila une paire d’escarpins rouges et se leva pour s’admirer dans le miroir. Elle était trop grande ; ajoutant à ses 185 centimètres les 15 centimètres de ses talons, elle atteignait facilement les 2 mètres ; toutefois, et rien ni personne ne pourra la convaincre du contraire, ces chaussures étaient parfaites. Elle manquait néanmoins cruellement de formes ; ses épaules étaient légèrement trop larges, ses hanches étaient trop étroites et sa poitrine trop plate.

Elle se rassit avec un soupire et s’empara d’un vernis tout aussi rouge que ses lèvres. Laissant ses ongles sécher, elle se contempla dans le miroir. Elle avait un visage angulaire et des yeux larges mais sans vies. Il était presque impossible de différencier les pupilles des iris, tant ils étaient sombres. Ses yeux prenaient une telle place sur son visage qu’ils noyaient tout autre émotions et expressions naissant sur ses traits. Leur manque de lumière assombrissait même ses plus larges sourires jusqu’à les faire disparaître aux regards d’autrui.

De sa boite à bijoux, elle sortit un collier en corail gorgone, de larges boucles rondes de la même couleur et un bracelet manchette doré. Parée de ces ornements, elle s’admira une dernière fois avant de quitter la pièce, attrapant en chemin un sac à main en cuir jaune.

Le psychologique qui m'habite
ICI (10 LIGNES MINIMUM (200 mots))

Le passé qui m'a construit
Un cri stridant brisa le silence de la pièce sombre, irritant encore plus l’homme installé sur la chaise berçante près de l’entrée.

« Lu Xia. Une réprimande délivrée sur un ton sec.

– Désolé. » Ledit Lu Xia retira violemment l’aiguille de la peau de son "patient", le faisant gémir de douleur. « De toute façon, vous avez l’intention de le tuer, alors un bobo ou deux en plus ne lui feront pas de mal. ».

Soupirant, Liu Bei ferma son livre et s’étira les jambes tout en observant d’un regard acéré les gestes de son disciple.

« Le but de cet exercice est de t’apprendre l’art de l’acu…

– L’art ?

– Oui, l’art ! Cesses de me couper la parole ! » Le mentor stressé pressa un pouce contre la glabelle de son front et continua difficilement : « Le fait est que tu dois apprendre à contrôler tes pulsions sadiques. L’acupuncture doit servir à alléger la douleur et non à l’administrer. »

Le plus jeune des deux regarda son mentor dans un silence pensif avant de retourner s’atteler à sa tâche. Il s’arma d’une autre aiguille et pénétra de nouveau la peau de sa victime d’un geste brusque, arrachant un nième cri à l’homme attaché à la table de consultation.

« Oups. »

Un autre soupire fatigué s’ensuivit.

---

Lucien est né hors mariage d’une affaire d’une nuit entre une femme Chinoise et un Européen de passage à Hong Kong. La mère, sans famille et sans argent pour l’épauler, rencontra le couple Leroy désireux d’adopter son bébé.

Henry et Margot Leroy, mariés et heureux depuis 10 ans, s’étaient rendu en Chine dans l’espoir d’accueillir un enfant au sein de leur famille. Le couple belge avait découvert la stérilité de Henry peu de temps après leur mariage ; toutefois à l’époque, tous les deux étaient pris par leur carrière et ne s’en étaient donc pas préoccupés davantage. Ces dernières années, cependant, avaient été dures pour Margot qui se retrouvait à envier ses collègues mères de familles. Elle voulait élever un enfant, l’aimer, le voir grandir, et plus tard le voir en famille et heureux lui-même.

Mis en contact par un organisme d’adoption internationale, la mère et le couple se rencontrèrent une première fois à deux mois de grossesse de la jeune femme. Les deux parties charmées, l’un comme pour l’autre, ils se mirent rapidement d’accord pour garder un contact régulier jusqu’à la naissance de l’enfant.

Lucien naquit le 2 février 2005 à Hong Kong à cinq heure du matin. Deux semaines plus tard, il prenait l’avion pour la Belgique, laissant derrière lui son pays natal et sa mère biologique.


[EN COURS]

ICI (15 LIGNES MINIMUM (300 mots))