"Je n'ai pas été élevé pour tuer, juste pour purifier le monde."

Le but du docteur Wayne était de se créer une sorte de petite armée, façonnable à son image et en tous points contrôlable. Il créait ainsi des machines à tuer, des armes, ni plus, ni moins. Cela commençait des les premiers mois de leurs arrivées. Il se servait d’animaux pour leur apprendre à briser leurs os et leur révélait à quel point il était facile de s’amuser en tuant. Qu’il existait de nombreuses manières de donner la mort et qu’il les leur enseignerait toutes.
Mais dans quel but créer une armée ? Le seul qui puisse avoir raison d’exister : celui d’éliminer les créatures monstrueuses peuplant le monde. Vous aurez compris, il s’agit des lycans ainsi que des vampires.
Pour quelles raisons ? Parce qu’ils tuaient, hommes, femmes et enfants sans être arrêtés.
Alors ils méritaient de mourir. Et ce n’était pas un meurtre que de leur ôter la vie, cela en sauvait d’autres.
C’est ainsi qu’il amena ses « enfants » à penser. Tous grandirent avec cette idée en tête.
Chacun des 13 numéros apprit à manier les armes, apprit à se battre et à user de toutes ses ressources pour survivre.
Tous croyaient que le monde extérieur n’était que chaos et destruction, que le sang coulait à flot dans la rue et que les loups garous et les buveurs de sang étaient partout. Parce qu’aucun d’entre eux n’était autorisé à sortir de ce sous-sol dans lequel ils étaient enfermés. Ceux qui se risquaient à sortir, étaient punis.
On ne revenait pas de ces punitions. Du moins pas entièrement. Numéro 7 avait un jour voulu voir le monde. Le doc’ l’avait enfermé seul, pendant 10 longs jours, sans que l’on sache ce qu’il se passait à l’intérieur de la pièce où il était. On apprit seulement qu’il s’était trépané.
Numéro 3 et 4 étaient jumeaux, ils ne se séparaient jamais. Même lorsque le doc’ l’exigeait. Il s’essaya à une expérience, sur ces deux-là. Il tenta d’en faire des siamois. Ils ne revinrent jamais parmi eux.
Et à partir de cet instant, les autres numéros se rendirent compte combien le doc’ était fou. Mais remettre en doute sa santé mentale revenait à mettre absolument TOUT en doute. Difficile d’accepter que tout ce en quoi vous croyez est peut être basé sur la folie d’un homme, non ?
En tous cas, numéro 2 y réfléchit longuement. Mais pas assez longuement pour épargner numéro 1, 6, 9 et 11.
Avant qu’il ne puisse tuer les autres, il fut arrêté. Tué, bien évidemment. C’était la seule solution, d’après ce cher doc. La compassion, la pitié, l’attachement, n’était que perte de temps et faiblesse. Si l’on tenait à survivre, alors il ne fallait penser qu’à soi.
Mais il ne s’attendait sûrement pas à ce que numéro 5 mette son conseil en application avec autant d’ardeur et qu’il se décide à le poignarder, avant de prendre la fuite : 13 coups de couteaux pour 13 vies volées.
C’est ce jour là d’ailleurs, que les numéros restants recouvrèrent leur « liberté ». N°8 s’enfuit sans se retourner.
Ne restait alors plus que n°13 et n°12, le petit garçon qui avait été enlevé en même temps qu’elle, au même endroit, 15 ans plus tôt.
Mais ce dernier était différent, il semblait avoir des envies, des projets qu’il s’était imaginé tout au long de ses années d’enfermement sans jamais en avoir parlé une seule fois.
En comparaison, n°13, elle, était totalement perdue. Elle n’avait vu le monde qu’à travers les livres et les propos de son père de substitution. Elle ne désirait rien. Rien du tout. Alors elle laissa ce qui lui semblait être la seule personne en qui elle pouvait croire s’occuper de tout.
Il lui conseilla de se rendre à Londres, la capitale était connue pour être une ville agréable et il savait qu’elle parviendrait à se débrouiller, une fois là-bas.
Il suffit de quelques jours à son « ami » pour tout préparer. Il la mit dans un train et la laissa partir à Londres, seule. De son côté, elle ignorait où il partait, elle se doutait qu’il voyagerait à travers le monde pour s’en faire une image propre à lui, mais elle ne savait pas si elle aurait l’occasion de le revoir un jour.
N°13 débarqua alors à Londres, livrée à elle-même dans un monde qu’elle n’avait jamais vu et qui ne ressemblait en rien au portrait qu’en avait fait son « père ».
Elle avait la chance d’être qui elle voulait. Personne ne savait rien d’elle, elle-même ignorait tout à son propre sujet. Alors une fois à la capitale, elle s’empressa de teindre ses cheveux d’un bleu turquoise bien pétant. Wayne était le nom qu’elle se décida à adopter. Et Raven était le prénom qu’elle s’était choisie. En référence à l’oiseau qui avait pour présage d’apporter la mort.