Le retour de June Valanthiriel

Le physique qui me différencie
June Valanthiriel est une jeune demoiselle, que l’on peut facilement qualifier de très belle femme aux traits fins et légers. D’apparence une petite vingtaine d’année, elle reste, et ce jusqu’à la fin des temps, dans la fleur de l’âge ; ce qui a toujours contribué en faisant véritablement sensation auprès de la gente masculine pour la plupart du temps, sans pour autant délaisser celle des femmes. Que ce soit durant sa courte vie humaine, ou durant sa seconde existence, elle a très souvent attiré les regards, attiré bon nombre de prétendants. Ils n’étaient clairement pas en manque.
Dotée d’une silhouette fine et particulièrement séduisante, une étonnante taille de guêpe -formée par ces très nombreux corsets- comme l’assure une carrière en tant que danseuse étoile ou bien par l’obligation des normes à l’époque. Être belle, avoir un corps si agréable à observer, c’était une nécessité absolue pour faire partie de la fine fleur des pupilles de la Cour du Roi de France. Conditions qu’elle respectait à la lettre. Ainsi, il est bien difficile de détacher ses yeux d’elle, pouvant apercevoir une proportion idéale. Elle avait été très entretenue, très suivie, comme les autres demoiselles de sa condition durant son enfance.

Son teint, quant à lui, fidèle aux attentes de la société aristocrate est d’une blancheur immaculée, également parfaitement lisse et douce. Sans le moindre défaut, à tel point qu’il serait évident de la comparer à une poupée en porcelaine. La clarté de sa peau s’est notamment accentuée lors de sa transformation -ou de sa renaissance-. Deux lèvres « Boucles d’or », de taille moyenne ; l’arc formé au milieu de sa lèvre supérieure est bien présent, sans être trop prononcé. Deux yeux en amande qui laissent transparaître une vivacité, qui dégagent une certaine aura de mystère.
Le tout souligné par ses très longues boucles d’un noir entre l’ébène et le corbeau, qui tombent parfaitement en cascade pour encadrer son visage fin, qui glissent jusqu’au niveau de ses hanches en épousant ainsi délicatement les formes et courbes de son corps.  

On dit souvent que les yeux sont le reflet de l’âme, hm ? Eh bien, ce qu’il y a de plus envoutant chez cette femme, se sont probablement ses yeux. Ses grands yeux en amandes, de cette époustouflante lueur noisette qui penche étrangement vers le doré, voire presque intégralement dans certains éclairages. Un regard à la limite du coquin, de la malice en a d’ailleurs attiré plus d’un dans ses filets durant certaines périodes de sa longue existence, sachant pertinemment en jouer lorsque nécessaire, ou simplement pour s’en amuser. Une sensation grisante, qu’est ce petit pouvoir de séduction hors normes. La grâce et la séduction naturelle qui semblent totalement l’habiter, suivant le moindre de ses mouvements, de ses gestes tels une danse mystique cherchant à envouter ses protagonistes. La tentation, maître mot de ce qui se dégage certainement de ce petit bout de femme.
Comme si tout ce qui précède ne suffisait pas, un doux parfum, poudré, exquis rapidement les environs, suivant sa trace.

Pour ce qui est du style vestimentaire, June a doucement suivi les habitudes de l’air du temps. Longues robes seyantes, corsets serrés, jupons, robe en base de corsets durant l’époque victorienne -qu’elle apprécia d’ailleurs tout particulièrement-. Désormais, dans une époque plus moderne, elle fait en sorte de se fondre dans la masse, arborant les mêmes accoutrements que la plupart. Généralement vêtue de chemisiers classiques et fluides ainsi que des pantalons, jean noir en général. Alors, souvent, il lui arrive d’arborer un style plus « parisienne » si l’on peut dire. Des mises en beauté plus naturelles, un look entre le chic et le décontracté. Des coloris qui restent neutres dans des teintes de noir, blanc, bleu marine, gris. Quelques couleurs discrètes, de temps en temps.
Ses cheveux, souvent relevés en un épais chignon négligé ou une haute queue de cheval qui laisse ses mèches glisser dans la longueur de son dos.

Le psychologique qui m'habite
Durant sa jeunesse, June était une jeune fille très joyeuse, souriante. Une gentille fille, pleine de vie. Pleine de rêves. Qui suivait à la lettre les leçons telles qu’elles étaient avec entrain. Qui s’amusait très souvent avec ses amies dans les jardins. Un enthousiasme débordant pour un peu près tout. Elle aimait tout ce qui l’entourait, elle aimait la vie et tout ce qu’elle contenait.
La vie lui était facile, souriante depuis qu’elle était arrivée au château. Un mode de vie très agréable qui lui convenait parfaitement et auquel elle s’était très rapidement habituée. Une facilité d’adaptation au monde qui lui serait clairement profitable. Notamment lorsqu’elle dû fuir le pays, avec sa famille pour rejoindre Londres.

Après la perte de son amour, elle s’était comme assombrie. Elle vivait dans la tristesse, à peine éveillée. Son humeur joviale, sa façon d’être radieuse, ça s’était évanoui. Enfoui tout au fond d’elle.
Le pire fût encore lorsqu’elle la perdit elle, Milla, sa petite fille. L’ombre d’elle-même, c’est ce qu’elle était devenue. Son cœur s’été transformé en un véritable gouffre. Morte à l’intérieur. Tout n’était que souffrance, mal-être. Elle ne prenait même pas la peine de le cacher.


Depuis sa transformation, elle avait choisi de dissimuler ce profond malheur, cette forme d’indifférence derrière plusieurs masques. Des masques d’émotions prédéfinis. Alors, oui, elle semblait de nouveau joyeuse, arborait un air presque malicieux ; toutes ces sentiments qu’elle avait soigneusement enterrés lors de phases bien sombres, meurtrières de sa vie.

Finalement revenue à quelque chose qui reprenait doucement une part de son humanité, elle se refusa de sombrer de nouveau dans les méandres des profondeurs qui la guettaient à chaque instant. Elle refusait de refaire surgir cette bête affamée, sanguinaire d’elle. Des épisodes impitoyables, sanglants, elle en avait connu. On aurait clairement pu la considérer comme un véritable éventreur, à un boucher pendant une bien trop longue période.

Pour ce qui est de ses goûts, de ses passions, elle voue un culte pour la danse. C’est bien ce qui l’anime au plus profond d’elle, qui la libère de tout le poids de ses actes, de sa vie d’immortelle. L’un des rares points qui lui reste en commun avec sa vie d’avant, de même que son attrait pour la lecture.

Au cours de ces années, certaines peurs se sont développées chez June. La première, principale, étant son créateur. Véritablement terrifiée de le recroiser. Peur de ses réactions à elle. N'ayant aucune idée ce que qu'il adviendrait. Tout pourrait se passer : tout et son contraire. Elle pourrait très bien repartir, encore une fois, dans ces bains de sang. Tenter de le tuer. Se faire tuer. Pire, revivre tout ce qu'il lui a fait subir.
Parce qu'elle a peur. Peur de sombrer. Peur de redevenir un monstre sans conscience, sans une once d'humanité. De perdre cette muraille qu'elle s'est entêtée de monter entre cette bête au fin fond de ses entrailles, et elle.
Ce sont celles-là, ses peurs principales.
En plus de cela, il y a cette chose insurmontable. Se rendre sur la tombe de sa fille, à côté de celle de son défunt mari. Jusqu'à présent, elle n'a jamais réussit à s'y rendre de nouveau, après sa transformation. Y arrivera-t-elle de nouveau un jour ?

Au cours de sa longue existence, June avait vu les êtres humains de bien nombreuses façons. Tout d’abord comme ses semblables. Puis comme des cibles, du gibier. Des sacs de sangs. Plus encore, comme des jouets, de véritables divertissements. Ça s’était calmé, finalement.
Bien évidemment, elle connaissait l’existence des lycans. En avait vu, brièvement, de loin en général. A quelques faibles reprises, elle en avait croisé. Elle n’entretenait aucune haine à leur égard, en gardant une opinion relativement neutre ; du moment qu’ils ne tentaient pas de s’attaquer à elle car, évidemment, elle savait ce qu’encouraient de telles rencontres.

Le passé qui m'a construit
1780 :
Cette année-là, June est venue au monde en plein mois d’Avril, au cours d’une saison particulièrement fraîche et malheureusement mortelle pour de nombreux nouveau-nés et même enfants du tiers monde. Naissant dans une famille d’aristocrate, June évita bien heureusement ce genre de drame. Cette même année, la famille étant considérée comme l’une des plus riches de Versailles fût conviée aux événements importants du moment. Très rapidement devenue l’une des familles les plus célèbres de la région.

1781 à 1792 :
La peste avait étrangement réapparu dans certaines contrées et recommençait à ravager le pays, et ce depuis plus d’une décennie déjà, causant de très nombreux morts, plusieurs centaines de milliers. Personne ne savait comment cette horreur avait pu se réveiller, la France ayant été épargnée depuis quelques temps déjà. Le mal s’abattu également sur la famille et comptait parmi ces nombreuses victimes ;  Alexandre, le frère aîné de June, qui succomba en plongeant la famille dans une profonde tristesse. Les années passaient et les Valanthiriel se remirent de ce drame, qui était une affaire bien malheureusement redevenue courante à cette époque-là.
Ils continuaient d’être particulièrement appréciés de la haute société et se virent attribuer davantage de terres mais également de titres par le Roi afin de les remercier pour leur contribution financière à la cour. June, ayant atteint l’âge et étant l’unique fille de la famille fut envoyée chez la famille royale afin de recevoir une éducation parfaite en compagnie d’autres filles de haute bourgeoisie. Elle y apprit les bonnes manières, mais surtout tout ce qu’une jeune fille devait savoir pour être une espérer trouver un bon mari.  Elle passait ses journées à prendre des leçons de tenues, de maintien, d’équilibre, d’élégance mais également de danse et de culture. June s’était rapidement intéressée à la littérature, aux magnifiques histoires d’amours ainsi qu’à la poésie. C’était une véritable romantique, une mordue des belles histoires.

June adorait sa vie, elle assistait à toutes ces grandes et merveilleuses réceptions de la famille royale avec ses camarades, s’amusant de leur côté en observant les superbes couples danser. Elle ne voyait que rarement ses parents, une ou deux fois par an, tout au plus mais c’était le cas de toutes les jeunes filles de l’époque, tout du moins, toutes celles qui recevaient une éducation. Elle les voyait même assez souvent, comparé aux autres filles. La petite brunette s’y était tout à fait habituée, suivant le rythme de vie qui était devenu le sien.


La Révolution Française éclata et la terreur se dispersait à travers tout le pays. Les aristocrates tentaient par tous les moyens d’échapper à tout ceci. Bon nombre d’entre eux perdirent la vie en prenant la fuite, tandis que d’autres furent emprisonnés. Les Valanthiriel réussirent à passer la frontière et au bout de nombreuses semaines, ils arrivèrent en Angleterre.




1792 à 1797 :
Les années passaient et June s’intégrait parfaitement à cette société, si bien qu’elle était considérée comme une petite fille modèle aux yeux de tous. Du haut de ses 13 ans, la petite brunette se tenait à merveille et suivait ses nouvelles leçons avec beaucoup d’acidité. Son éducation avait été on ne peut plus bénéfique, puisque de nombreux prétendants la courtisaient ; des jeunes garçons de famille aisées principalement. Elle devenait, petit à petit, une jeune femme très jolie et elle rayonnait de bonheur.
Bien heureusement, tout était plus ou moins normal en Angleterre, la petite famille s’était installée dans une ville tout à fait convenable, très proche de Londres et s’était rapidement habituée à ce nouveau mode de vie, à toutes ces petites différences.

Tout juste âgée de 16 ans, June entretenait une relation de convenance avec un homme qui avait quelques années de plus qu’elle, William, un noble de très bonne famille. Ils n’allaient pas tarder à se marier, afin d’assurer une belle vie pour la demoiselle, mais surtout, bien évidemment pour refaire la popularité des Valanthiriel, leur faisant bénéficier de titres, à eux aussi. Bien évidemment, June n’éprouvait pas le moindre sentiment envers cet homme ; c’était simplement son devoir.


Ce fût lors d’un événement mondain que June fut prise d’un terrible cas de conscience, mais également probablement lors de celui-ci qu’elle fut le plus heureuse. C’était un de ces bals majestueux qu’organisait la haute société. June y avait été conviée, accompagnant son cher William. Elle s’amusait et elle avait bu, beaucoup bu. Trop, peut-être. Pour reprendre ses esprits, elle s’était éclipsée pour aller dans le jardin, marchant dans réel but, tournoyant sur elle-même en riant aux éclats. Elle continuait de tournoyer jusqu’à en trébucher se rattrapant sur un torse particulièrement musclé. C’était un homme qui était en face d’elle et qui venait de la réceptionner. Et ce n’était en aucun cas William. Il s’appelait Adam et ce fût un véritable coup de foudre entre ces deux-là.

Malheureusement, il s’était avéré n’être qu’un simple serviteur et leur relation ne pouvait en aucun cas être toléré. Un amour impossible. Bien que les deux tourtereaux le sussent pertinemment, ils refusèrent de se quitter. Ils se voyaient en douce, la nuit dans des écuries ; en journée en allant au marché … Leur idylle était magnifique, romantique. Ils étaient particulièrement attachés l’un à l’autre et ne pouvaient plus envisager de vivre l’un sans l’autre. June commençait sérieusement à douter de tout, à douter de sa vie, de ses relations mais surtout de ses devoirs envers sa famille. Elle voulait simplement vivre sa vie, et en profiter. Mais elle ne le pouvait pas … Elle envisageait sérieusement, et de plus en plus, de s’enfuir avec l’homme qu’elle aimait.


William, lui, commençait à avoir de sérieux soupçons et n’hésita pas la moindre seconde à faire suivre June. Bien évidemment, il découvrit rapidement la supercherie, et les petits secrets de June, les deux amants n’étant pas particulièrement discrets puisque ne se doutant pas un seul instant de tout ce qui allait se passer ... Il était prêt à se venger de ce pauvre petit serviteur qui s’amusait avec sa chère June.
Le cœur de la demoiselle s’était éteint. Elle s’était éteinte. Adam avait été agressé. Il avait été assassiné, un soir alors qu’ils devaient se retrouver.


~~


1804 :
La vie avait continué mais June avait radicalement changé. Elle avait épousé William, comme elle le devait, bien qu’elle sût pertinemment qu’il était responsable de la perte de son amant. Elle n’était plus d’humeur joyeuse, ne riait plus et ne profitait plus de la vie.
De cette union était née Milla, une petite fille absolument adorable. Et un nouveau drame. Un nouveau drame s’abattu sur June quand sa fille décéda, qu’elle succomba à la maladie à l’âge de quatre ans.
Suite à cette tragédie, June était devenue une femme froide et insensible à la vie. C’était effectivement comme si son cœur avait arrêté de battre, comme si ses sentiments avaient sombré. Elle était véritablement morte à l’intérieur, il n’y avait plus rien de cette jeune fille qui croquait la vie à pleine dent et qui s’émerveillait de tout.

Elle errait dans les rues la nuit comme une âme en peine, profitant du vent frais sur son visage. C’étaient les seuls moments où elle était véritablement seule. Il lui arrivait assez souvent de rester devant une quelconque fontaine en regardant son reflet dans l’eau, repensant à Adam. Repensant à Milla, qu’elle avait tant chérie. Elle restait plantée là, pendant des heures, quelques larmes coulant le long de ses joues alors qu’elle sentait la douleur lui broyer les entrailles.


C’est l’un de ces soirs que la malédiction s’abattu sur June. Un vampire trainait dans ces mêmes rues et malheureusement pour la demoiselle, il l’avait remarqué. Alors qu’elle rentrait chez elle, passant par une ruelle sombre qui servait de raccourcis, June tomba dans un véritable guette-a-pan. Il l’attendait, perché sur un échafaudage, un sourire plus que monstrueux aux coins des lèvres, se délectant très clairement de cette petite traque. Sa langue glissait sur ses canines bien sorties, ne pouvant s’empêcher de dévorer la demoiselle du regard. Elle allait être un bon casse-croûte ; ou une véritable distraction. Peut-être allait-il s’amuser un peu plus que prévu avec elle. Il la suivait du regard, sautant de son perchoir, pour reposer ses pieds à terre, très gracieusement. Il s’approchait d’elle à pas de loup, tel un prédateur chassant sa proie ; c’était exactement ça, un prédateur chassant sa proie.
Il l’avait rapidement rattrapé et s’était violemment jeté sur elle, la plaquant sauvagement contre l’un des murs de la ruelle. June hurlait, ce qui provoquait l’exaltation absolue du vampire qui décida donc d’en profiter un maximum. Il plongea ses crocs dans le cou de sa victime, la dégustant avec avidité, un désir particulièrement ardent et incontrôlable jusqu’à ce que la demoiselle ne perde connaissance.
Le lendemain, elle se réveillait dans une pièce absolument sordide sans nullement savoir où elle était. Sa tête lui faisait excessivement mal et se souvenant de la veille, elle posa ses doigts sur son cou : une morsure était clairement discernable. Elle tremblait, paniquée et poussa des cris d’angoisse en sautant du lit, cherchant un quelconque moyen de sortir de là. Elle n’arrivait plus à réfléchir. Elle n’arrivait plus à rien. Elle s’écroulait au sol, se recroquevillant sur elle-même, se balançant d’avant en arrière, en larmes.

Cependant, le vampire ne s’était pas arrêté là. Il s’était amusé avec la demoiselle des jours, des semaines, des mois durant. Il la torturait, la dévorait jusqu’à ce qu’elle en perde presque la vie et également en abusant d’elle. Plus d’une fois. Dans le comble de la cruauté, il ne l’avait pas laissé mourir. Oh non. Il avait poussé le vice. Il l’avait changé en créature de la nuit non sans douleur, la condamnant à vivre en endurant tout ce qui c’était passé ces jours-là jusqu’à la fin des temps. Elle était condamnée.

Sa nouvelle vie commençait dans la douleur et la cruauté. Elle ne sut jamais qui était son bourreau, créateur, celui-ci l’ayant rapidement laissé tomber, le lendemain de la transformation de June.
Elle dû se débrouiller par elle-même à partir de ce moment-là et ce ne fût pas sans accrochage …


Bien évidemment, ce fût son très cher mari, William, qui reçut sa première visite. Visite qui était très vite devenue particulièrement sanguinolente et meurtrière. En retrouvant son cadavre, ou plutôt ce qui restait de ce noble William, plus personne ne se demandait où était passé June, tout le monde pensant qu’elle avait été victime de ce même tueur qui s’en était pris à son époux. Si seulement ils savaient.

La rage. Ce fût la rage qui prit le dessus. Qui contrôlait entièrement sa vie. La rage, et la faim bien sûr. La colère qu’on lui ait arraché l’amour de sa vie, le chagrin d’avoir perdu sa petite fille, la haine d’avoir dû partager le reste de sa vie humaine auprès de cet homme qu’elle méprisait au plus au moins. La cruauté.  Cruauté dans laquelle June avait été plongé avant de devenir l’une de ces bêtes.
Le maître mot de sa vie était le sang. Le plaisir du sang. De le voir, de le verser, de le boire. C’était tout ce qui comptait pour elle. Elle fit des choix déroutants. Particulièrement sordides et macabres. Transformée, jusqu’au plus profond d’elle. Une époque qu’elle fit absolument tout ce qu’elle pu par la suite pour oublier. Une époque où elle se laissait bercer par toute sorte de plaisirs. Tant charnel que bestial.
Puis un épisode qui la dégoutait aujourd’hui au plus haut point. Épisode durant lequel elle ne devint pas uniquement une meurtrière ; mais pire que tout, une « tueuse à gage ». Elle ne s’en privait pas sur l’instant. Elle amassait beaucoup de moyens et se rassasiait pleinement. C’était un mélange parfait ; ce fût du moins ce qu’elle pensa à l’époque.




Années 1840 à 1880 :
Époque victorienne, l’apogée de la révolution industrielle britannique et de l’Empire britannique, époque durant laquelle la Reine Victoria Ière régnait aux Royaume-Unis. Magnifique époque.
June s’était légèrement sentie revivre durant cette période, s’intéressant énormément aux progrès, si bien scientifique avec l’apparition de la phrénologie –pratique à laquelle notre demoiselle s’intéressera tout particulièrement-, technique ou même culturel puisqu’une nouvelle littérature était née : la littérature victorienne.
Elle aimait l’ambiance et les valeurs de cette époque. Elle était parvenue à atteindre une sorte de sérénité.
Ces années-là passèrent extrêmement, malheureusement, bien trop rapidement à ses yeux.




1888 :
Ce fût une année particulièrement meurtrière dans les rues de Londres et ses environs. Une année bien funeste. June avait de nouveau sombré, la solitude semblait l’avoir gagné. Elle ne se contrôlait plus. C’était comme si elle avait fait taire cette petite part d’humanité qu’existait en elle. Elle était devenue un véritable monstre, buvant jusqu’à plus soif et même bien davantage. Elle tuait simplement pour le plaisir de tuer et faisait des centaines de victimes sur son passage, certains cadavres étaient simplement entassés comme de véritables bêtes dans un abattoir. Elle s’amusait à traquer, à chasser, à torturer et à vider ses victimes jusqu’à leur dernière goutte. Elle prenait un malin plaisir à faire du mal au moindre humain qu’elle croisait, rongée par l’amertume et la colère. La petite fille joyeuse qu’elle était lorsqu’elle était petite avait totalement disparue. Un monstre. C’était un véritable monstre.
Ceci était son quotidien, pendant plus d’une année.


Tout changea lorsqu’elle le vit, lui … Il était là, à la sortie d’un bar avec une toute jeune demoiselle, moins de la vingtaine, blonde. Une fille de joie, probablement. June resta stoïque en le regardant. C’était son créateur, qui était là. Elle revivait sa transformation en boucle dans sa tête, très rapidement. Elle souffrait comme si elle le revivait, rien qu’à ce souvenir et à cet instant précis, sa part d’humanité lui était revenue de plein fouet. Elle réalisa tout ce qu’elle avait fait : toutes ces traques, tous ces massacres, toute cette horreur. Elle avait été à son image et ça, elle ne pouvait le supporter. C’était trop.
Qu’est-ce qu’elle avait fait … ?




Depuis ce soir-là :
June était « redevenue elle-même ». Elle avait du mal à se supporter après toutes les atrocités qu’elle avait commises. Elle s’était donc promis de se contrôler à partir de ce jour-là, se refusant de devenir un tel monstre. De redevenir un tel monstre, plutôt.

June Valanthiriel avait fait absolument tout ce qu’elle pouvait pour éviter de retomber dans les filets de cette noirceur qui vivait en elle et ce, depuis un bon moment déjà. Elle lutait, jours après jours pour tenter d’être de nouveau vivante ou plutôt, de se sentir comme telle. Un travail, une retenue titanesque. C’était dur. Très dur. Si dur qu’elle fût très régulièrement sur le point de partir, une nouvelle fois, dans les méandres de cette horreur. Ç’aurait été plus simple, de ne plus rien ressentir.
Raison pour laquelle elle avait voyagé. Elle avait longuement voyagé, à travers de nombreux pays. Irlande, Canada, Alaska. Elle avait privilégié des pays dans lesquels le soleil était peu présent, avoir une certaine forme de liberté. Elle passa ce presque siècle et demi seule, bien incapable d’avoir de la compagnie.
Elle en profita comme elle put le faire : approfondissant tout ce qu’elle avait aimé faire lorsqu’elle était jeune. Elle prit donc de nouveau des leçons de danse -du soir, bien entendu-. Elle était devenue douée. Extrêmement douée même. Si bien qu’elle en avait débuté une carrière, en tant que danseuse, mais également en tant que chanteuse. Elle se produisait dans des établissements de nuits de toutes époques qui se succédaient les unes aux autres. Elle profitait de sa voix, particulièrement envoutante pour « vivre sa vie », obtenir ce dont elle avait besoin. Au cours des années qui défilaient sous les yeux de la jeune femme, elle réussit à récolter assez d’argent. Pas mal d’argent. Ce qui l’aidait à traverser les décennies puisque devant quitter chacune de ces villes dans lesquelles elle s’établissait à intervalle régulier, afin de ne pas éveiller de soupçons sur sa jeunesse qui perdurait.


Prise d’un grand élan nostalgique, c’est donc maintenant, en 2030 que la vampire décida de retourner à Londres. Peut-être allait-ce bénéfique pour elle … Ou peut-être allait-elle retomber dans ses vices ?


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