Me llamo Carmen, Carmen De Valencia y esta es mi historia.
Mes excuses. Je me reprends et vous explique donc ce qui fut et sera.
Pour commencer et bien comprendre ma vie, il faut connaître un brin d’histoire. Celle-ci n’est pas la mienne mais de ma vie découle les événements qui furent il y a bien longtemps. Au 16e siècle, alors que l’Amérique du sud n’était pas encore connue sous ce nom et que les hommes exploraient encore le monde pour se battre afin d’avoir une parcelle de pouvoir. Mes ancêtres furent non pas de ces blancs hommes dont la peau rougie au soleil mais ceux connus aujourd’hui sous le nom de Mayas. Et ma vie? Elle fut affectée par leur extermination entière de la race espagnole.
Ironique, n’est-ce pas, que j’aie une branche vivante envers ceux-ci?
Mon sire est un vampire de la race des hommes vénérant le soleil et lorsque vint l’extermination de ses frères, il prit une poignée de survivants et fit une retraite sommaire vers l’intérieur des terres sur quelques générations mais, comme l’histoire le montre, un village reclus ne donne pas d’enfants sains et tôt ou tard, mes ancêtres regagnèrent la civilisation. Mon histoire ne commence qu’un ou deux siècles plus tard, bien sur, mais cela est tout de même la prémices de mon existence contemporaine.
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Sweet innocence, my sweet childhood
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Notre histoire débute il y a maintenant un peu plus de 240 ans, alors que l’Amérique était en train de se faire enfin découvrir entièrement par les sordides descendants de ces espagnols qui avaient eu un tel plaisir de conquêtes contre des indigènes, apportant avec eux la peste et la mort qu’ils ont rependus dans leurs traces. Le village dans lequel naquit celle qui sera connue sous le nom de Carmen dans l’ère contemporaine était un refuge contre cette invasion haineuse mais l’existence même de ce village n’était pourtant que cela, le fruit de la haine. Des survivants isolés et gardé dans l’ignorance de ce monde autour d’eux, préservé par un prédateur nocturne qui venait une fois par génération prendre une femme pour son bon plaisir et pour garder un brin de santé mentale afin de se préserver de la solitude. Une offrande volontaire de la part de villageois pour un Dieu qui les préserve des ravages et assure leur survie. Un culte antique qui, ignorant, pensaient envoyer leur fille dans les jupes de la Mère-Soleil et non pas dans les ténèbres éternelles. L’humaine qui sera Carmen naquît vers la fin de la saison chaude d’un couple de parents aimant qui ont fait le bonheur de leur enfant, l’amour inconditionnel de parents envers leur progéniture bien que stricte. La main de velours qui vient caresser l’enfant tombée dans les pierres en courant dans les bois et s’est écorché les genoux. La vie la plus simple et pure, innocente. Carmen apprit la poterie de sa mère telle que le voulait la tradition familiale et sa vie était simple. Les jours dans la rivière à retrouver la glaise malléable pour de nouveaux pots et, lorsque L’Envoyé le voulait, les pierres dorées les plus pures, offertes de bon cœur. Les offrandes étaient en préparation et l’âge mur de l’humaine qu’elle fut la rendit éligible en temps du Don envers L’Envoyé, leur éternel protecteur.
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Darkness growing
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Les tissus étaient rares et les offrandes au Protecteur devaient se faire dans la plus simple pureté, Carmen et trois autres jeunes femmes étaient éligibles pour l’offrande. Le Protecteur apparut lors de la nuit sans lune face à ce qui aujourd’hui serait dit des adolescente mais qui, à l’époque cruelle, étaient des femmes mures et prêtes à fonder une famille. Des mœurs antiques mais qui sont encore d’actualité dans ce monde contemporain, alors vous n’êtes point placés pour juger jusqu’à leur désuétude. L’homme apparut près du village et y entrant, sa peau sombre portant pourtant une pointe de trace de blancheur, des yeux rouges que tous avaient vu au moins une fois lors d’une escapade nocturne, l’homme ne portait qu’un pagne qui préservait une fausse pudeur, une tenue plus cérémonielle que pratique alors qu’il approchait de celles qui lui étaient offertes de bon cœur. Chacune eut le privilège de voir leur protecteur venir les humer, un baiser dans le cou qui fauchait les jambes de chaque et les laissait haletante. Chacune avait une offrande différente pour lui, des fleurs, du poisson, des légumes mais Carmen pour sa part avait attendue cette date avec anticipation, un vase de sa fabrication entre ses paumes moites empli de ces pierres brillantes qui semblaient, le jour, avoir capturés l’éclat du soleil. Bonne dernière, le protecteur l’enveloppa de sa présence, les yeux avides sur ce produit qu’elle jugeait sans valeur sinon jolie. Lorsqu’il se penche, elle ne peut que frémir en suivant les muscles captifs d’un corps qui est magnifique, irréel. La grâce d’un prédateur et le baiser. Oh, Carmelia avait embrassé son ami avec qui elle avait grandit mais le contact des lèvres sur son cou vint avec une pointe de douleur mais aussi un frisson d’excitation, inclinant la tête avec un faible gémissement. Il se retira alors et la jeune humaine regarda le protecteur avec les yeux emplis d’un amour inconditionnel.
« Celle-ci est mienne maintenant. »
Des mots simples dit d’une voix rauque et le cœur de la femme fit un bond. Elle ne savait pas combien elle détesterait un jour ces mots qu’il dit alors car ce fut le début d’une nouvelle vie. Une éternité de tourments.
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Shattered Reality
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Si Le Gardien du village était un spécimen de beauté, sa laideur interne n’est pas sans corrompre peu à peu la vie de celle qui s’est fait dire élue mais qui fut en fait un nouveau sacrifice offert à un être qui n’est humain que d’apparence. L’être dont le nom est maintenant perdu de tous n’était en rien doux, son domicile un réseau de cavernes naturellement creusées dans le roc. En tout, l’endroit était de cinq grottes conçu : La chambre du maître, la chambre de Carmen, le garde-manger, la grotte principale et l’endroit le plus dégoutant de ce bas-monde : La salle de jeu. Cette dernière était l’endroit le plus macabre de leur logis car c’est là que le seigneur gardait ses poupées, les anciennes Élues de quelques générations qui avaient l’esprit brisé. Macabre spectacle et grotesque à souhait, les femmes ayant connue la mort de causes naturelles avaient été sauvées par le maître par un simple don d’un peu de sang, les rendant éternelles, plus forte, plus rapides que l’auraient été des humains mais le rituel de renaissance suivant la transformation brisait assurément l’esprit de ces pauvres femmes. Dans ces conditions furent la vie de Carmen pour cinq ans sans revoir la lumière du jour car Le Gardien ne lui permettait pas.
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On dark wings
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La douleur, celle qui ronge un être alors que l’être qui aurait dut être son gardien quittait la couche de paille de Carmen après avoir une fois de plus satisfait ses mâles pulsions. Cinq ans et pourtant la femme n’avait conçue un enfant de son gardien aussi elle considérait que le tare était sa faute. L’être n’était jamais tendre et nombre de fois elle se retrouvait à rester au lit une ou deux journées après avoir passé une part de la nuit avec le prédateur mais cette fois, Carmen sentait son corps faiblir. Le fait est qu’elle avait été plus durable en ce sens que nombre des précédentes offrandes mais la maladie commençait à la ronger. Son maître se retire alors pour une nouvelle journée et la mortelle alors prend l’une des dernières décisions de sa vie. Rassemblant quelques loques qui servent de couverture contre le froid, elle sort au jour pour connaître une fois de plus ses douces caresses, aller au petit cours d’eau près de l’abris se laver et profiter de la chaude caresse de la Déesse. Ainsi Carmen sombra-t-elle dans un doux sommeil, bercé par le bruit de l’eau et la caresse du soleil.
Le réveil ne fut pas doux alors que la douleur soudaine la happe, violente. La nuit était maintenant arrivée et avec celle-ci, le Maître s’était éveillé en sa grotte, solitaire. Un tabou que l’être avait mis au clair car lui-même était privé de la Déesse et ses offrandes ne devraient être plus fortunées que lui. Cette nuit, Carmen connut la première mort, vit le visage du vampire pour le monstre qu’il était alors qu’il plongea en elle ses crocs cruels et avec ces dents dans sa chair vint un peu du sang de celui-ci qui s’était mordu la langue en toute connaissance de cause. Ainsi Carmen tomba-t-elle au sol à hurler jusqu’à ne plus avoir de voix et pourtant la douleur ne reflua qu’une heure plus tard, le corps en sueur et brulant mais pourtant froid. Le protecteur alors lui déclara que maintenant, la Déesse serait mortelle pou elle et que plus jamais elle ne devait quitter la demeure. Mais ce n’était une punition suffisante, l’humaine qu’elle avait été pleurant et sanglotant, elle fut ensuite trainée dans la salle de jeu du maître et celui-ci lui accorda son pardon.
Je vais vous épargner les détails de celui-ci. Carmen connut une mort cette nuit-là et elle manqua de peu connaître le même sort que les autres poupées. Le maître la garda en vie l’an durant laquelle elle ne put rien faire sinon satisfaire ses basses pulsions d’elle quand l’envie lui prenait. Il ramenait de jeunes hommes et de jeunes femmes étranges, leur peau laiteuse pâle comme la lune pour que la vampire puisse boire, chaque fois d’une manière bien rituellement établie. Un an de convalescence laissant Carmen fragmentée, fuyant cette violence et ces meurtres.
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Camelia
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La soif de sang était une compagne régulière, les yeux de la femme rubis sous les nouveaux venus. Elle savait que le maître les gardait là, que c’était de là que venaient les sacrifices. Ces délicieux cœurs battant paisiblement dans la nuit alors que le prédateur errait dehors de leurs petites maisons. Elle pouvait goûter sur sa langue ce bonbon tiède du sang que le maître lui refusait hors de ce rituel et ces bols d’or. Ce faisait maintenant trois ans qu’elle était privée de la déesse et ce soir était la première fois qu’elle osait désobéir à son maître. Docile en permanence, attendant sagement, contemplant le Gardien prendre la nouvelle humaine qu’il avait obtenu du village, la sœur d’une de ses anciennes amies si elle ne s’abusait, Carmen n’arrivait à se résoudre de la mordre aussi une autre part d’elle, plus animale, plus brutale, s’abattait sur des proies qu’elle avait trouvées. Nue comme au jour de sa naissance, elle frappa contre la porte d’une demeure où battait un seul cœur. L’homme, confus, ouvrit la porte et ne sut jamais quel démon des enfers sauta sur lui. Les crocs déchirant la gorge, le sang se déversant au sol, Carmelia se nourrit de cet humain si chaud et si plaisant jusqu’à la frustrante seconde où le cœur cessa de couler aux flots. Alors seulement elle se redresse, le sang coulant sur sa poitrine nue et que la femme se redresse. Les humains sont bien étranges et auraient parlées d’une succube en voyant celle-ci sortir, le visage et la poitrine couverte du sang d’un homme mais elle était plus. Bien plus.
Le retour à la « maison » fut de nouveau couronné par une nouvelle renaissance et, cette fois, une part d’elle connut la mort lorsque pour la nourrir, l’être tua sa nouvelle protégée sous ses yeux. La convalescence cette fois fut moins longue, la vampire plus âgée mais pas moins enragée. Le sire, en revanche, fut trop arrogant pour voir que ces silences et cette obéissance étaient en fait l’esprit du prédateur sous son aile qui complotait.
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Dark Flames
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Elle était sa favorite. Elle n’avait encore brisé et obéissait maintenant. Deux ans sans la moindre désobéissance. Deux ans à satisfaire son sombre Gardien, subissant sans mot dire les sévices tordus de l’être. Elle pouvait encore parler, penser mais savait aussi quand garder le silence, un magnifique présent s’il en était un. Cela dit, le mâle fit un jour le faux-pas de laisser Carmelia prendre le dessus sur lui dans la sale de jeu. Vampire qui avait alors plongée dans son propre dos l’une des lames d’obsidienne du gardien et, alors qu’elle le chevauchait, l’homme eut cette réaction typiquement masculine de fermer les yeux alors que son corps cédait au plaisir. Carmen alors eue un geste pour cette lame. L’odeur du sang alerta le vampire mais il était trop tard et la plus longue de ses quatre lames d’obsidienne vint lui faire le plaisir de prendre sa tête, roulant plus loin avec un air ébahi. Il ne comprenait pas comment son infante, son jouet, son offrande avait pu vouloir lui faire le moindre mal. Carmen alors se releva pour sortir pour la première fois en deux longues années. Se lavant pour se défaire de la souillure du plaisir de l’homme, elle revint et mis fin à la longue agonie de la nouvelle victime de son sire avant de rassembler du bois sec et l’étendre partout dans cette caverne et, d’un silex, mis feu pour libérer les âmes brisées de celles qui auraient pu être ses sœurs de leur enveloppe charnelle.
S’ensuivit un an de prédations sur le continent avant que la vampire ne trouve un navire. Quittant alors sa patrie, appariée au mythe de succube pour se nourrir à bord du navire, elle vint aux terres des ancêtres pour trouver ce que le monde avait à lui offrir.
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Forever
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Le voyage vers le Vieux Monde ne fut point plaisant pour qui que ce soit, ni pour Carmelia ni pour les marins qui eurent le malheur de finir sous les crocs de la sangsue. Oh, elle comprenait bien la nécessité de ces marins mais le fait que la faim lui laissait la bouche sèche et les yeux rubis. Elle devait se nourrir et pour cela, plusieurs marins connurent une fin avant d’être sorti sous la guise des étoiles pour passer par-dessus bord avec un peu de l’alcool du navire à chaque fois, masquant son méfait. Fort heureusement pour la sangsue, le navire ne fut pris d’assaut ni par les éléments ou par des hommes de peu de vertu et elle se rendit enfin en Espagne mais ce n’était là que le début de ses nouvelles déboires. Le monde hispanique ne parlait point le dialecte de la sauvage et le fait que celle-ci ne pouvait se permettre d’être trouvée rendit le tout bien difficile mais un vampire trouva Carmelia alors qu’elle venait de terminer de boire. Le bruit avait fait sursauter la sangsue qui s’était tourné vers l’arrivant avec des yeux rubis.
Le mentor de la Sangsue était un vampire assez récent avec qui l’Américaine se lia d’amitié, parlant souvent avec elle, lui apprenant les us et coutumes de ce monde mais surtout comment passer inaperçue dans ce monde hostile. Deux ans pour avoir un verni de civilité et la noctambule fut aussi ravie d’apprendre que ces pierres, récoltées des années plus tôt ou dans une autre vie selon la perspective, avaient une valeur en ce pays. Les pierres brillantes furent achetées et avec cela, la sangsue put se permettre une pointe d’aise. Alors la vampire prit pour elle de découvrir ce pays pendant près de vingt ans avant de revenir de nouveau en Espagne, forte de ses nouvelles connaissance car, si elle était dite « sauvage » par les autochtones de ce monde, elle n’était en rien stupide. Non, Carmelia était de nouveau Carmen maintenant et pouvait se permettre de vivre une vie dans une aisance relative, « épousant » aux yeux des humains son vieil ami et amant.
Les décennies fusent, le monde évolue et le duo de vampire se séparera après des années de bénéfices mutuels. Carmen se met pour sa part à étudier les arts plus classiques, une de ses incarnation même peut-être encore connue de ce monde mais peu lui en sied, l’art en lui-même une récompense. Les humains sont cependant bien amusants et elle prend plaisir de voir ces fourmis si laborieuses établir des systèmes d’échange, l’or devenant du papier et, dans les siècles suivant, de simples notes indiquant la fortune. L’aisance de faire des investissements pour les léguer à sa prochaine incarnation permit à la vampire de trouver de nouvelles fortunes dissimulées aux yeux des humains sous divers faux noms et entreprises qui ne sont que des moyens de dissimuler la fortune. La vie est belle et Carmen ne cesse de se déplacer afin que son âge ne la trahisse jamais. L’Espagne est son domaine et elle y est heureuse, vivant sous les radars d’autres vampires, vivant une vie paisible et sans histoire mais, comme souvent, l’ennui vient avec le temps et ce qui fut jadis si grisant perd peu à peu son attrait et, malgré elle, la vampire songe plusieurs fois infanter mais sans jamais trouver la volonté d’accomplir l’acte sciemment. Elle est ravie d’être hors des castes et du monde, vivant en marginale et « héritant » du nom et de l’apparence pour les humains.
L’an 2015… Le grand-choc alors que le monde réalise enfin avoir été berné dans sa domination humaine sur le monde. Carmen observa avec calme le nouveau monde s’établir, les chasses aux sorcières et se trouve à craindre malgré elle. Une nouvelle inquisition se préparait-elle? Mais la poussière retombe et le monde reprend son cours normal. La vampire alors cesse de jouer ce petit jeu, devenant aux yeux humains ce qu’elle avait toujours été depuis plus de deux siècles. Certains ont osés tenter de prendre des armes modernes contre elle mais la vampire n’avait pas manquée d’observer, au travers des temps, l’évolution des armes. L’escrime et le tir sont, mine de rien, un excellent entrainement très aristocrates, n’est-ce pas? Elle avait d’ailleurs plusieurs fois, pendant ses voyages, prit sur elle de s’immiscer dans les armées diverses pour observer à sa guise les entrainement et fabriquer le sien en accord avec bien différentes disciplines mortelles. Carmen pensait se défendre mais Carmelia ne pensait qu’au plaisir de pouvoir tuer, à distance sans jamais avoir de sang sur sa peau, non que ce lui déplaise.
La vampire observait le monde évoluer de nouveau sans plus devoir se déplacer jusqu’à ce jour où un huluberlus vint troubler la paix relative de Londres par des flagrantes déclaration de guerre qui ont fait s’hérisser la vieille vampire. Elle observa avec intérêt ce qui se tramait là lorsqu’elle vit une photo prise sur le vif des émeutes de l’Oratoire de Londres. Une vampire blonde aux traits familiers, peut-être une descendante d’une femme qu’elle avait connue mais, quelque part, Carmen n’était pas dupe.
Elle prit ainsi un avion pour Londres afin de retrouver celle qui était son infante.