ELENA
Né en 1943, Marvel Jenkins est un garçon tout ce qu'il y a de plus normal. Résultats moyen, forme moyenne, niveau de vie moyen, apparence banale, passe-temps banals, amis banals. Bref, sa vie n'a rien de spectaculaire. Après avoir faillit être renvoyé du lycée pour avoir violenté un collégien il entre à l'université de médecine la moins chère du pays. Là, il slalome entre petits boulot et concerts gratuits pour jouer avec ses amis tout en payant ses études.
Rien ne pouvait présager qu'à 22 ans, il deviendrait immortel. En rentrant du resto où il faisait la plonge, il entendit des pas derrière lui. Se retournant, il vit une femme qui marchait dans sa direction. Mais il y avait plein d'endroits dans sa direction, y compris le parking où il avait garé sa voiture, donc il n'y fit pas attention. Quand il arriva devant son taudis sur roues, il passa dix bonnes minutes à chercher ses clés. Rien à faire, elles avaient disparu.
« C'est ça que tu cherches ? »
Il se retourna. C'était la femme de tout à l'heure. Il n'avait d'abord pas fait attention mais, vue de près, elle était très belle. C'était sûrement à cause de l'obscurité mais il avait l'impression que ses iris étaient rouges. Ce qui était complètement ridicule, personne n'a les yeux rouges ! L'étrangère lui tendit ses clés mais les lui arracha des mains lorsqu'il les effleura. Et elle... ELLE LES BROYA ! Dans sa main ! D'accord, un trousseau de clés n'est pas non plus indestructible mais, même en forçant, il n'arrivait pas à les tordre d'une seule main ! Les morceaux de métal difformes tombèrent sur le sol, le bruit de la chute ponctuant le rire de la brune. Là, il commençait à avoir peur. Cette fille n'était pas normale. Et comme il n'était pas particulièrement courageux, sa peur se voyait clairement. Le brun commença à reculer, doucement, comme on le fait quand on est devant un animal sauvage. Sauf que ce n'était pas un animal qu'il avait devant lui mais bien un être humain ; du moins "humanoïde".
« Salut mon cœur. Je suis une chasseuse de têtes. Je dois trouver des personnes assez jeunes et qui n'ont rien à perdre. Des gens qui ne vont pas passer un siècle à se morfondre à cause de la perte de leur famille, de leur vie, tout ça. Et tu correspond parfaitement au profil, Marvel.
-C'est gentil mais on m'attend là, et...
-Mais puisque je te dis que tu n'es pas pressé ! Décompresse ! Il vaut mieux être détendu, ça fait moins mal. »
D'accord. Avant, il avait peur. Là, c'était la panique totale. La jeune femme s'approcha encore ; elle sourit. Ses dents d'une blancheur extrême répondaient à l'une de ses questions : elle n'était pas humaine. Ses incisives si longues, si pointues, ses yeux rouges, sa force... Il avait un problème et, si elle était bien ce qu'il pensait, ce problème n'avait pas de solution. Elle allait le tuer, boire tout son sang et disparaître au lever du soleil comme dans les films ! Il allait mourir sans rien avoir accompli.
C'est ainsi que commença la nouvelle vie de Marvel. Il resta quelques années avec sa créatrice, Elena. Il découvrit la dure réalité des brûlures dues au soleil de la pire des manières : Elena le laissait se nourrir à son aise jusqu'à perdre connaissance tant la frénésie l'emportait sur sa raison et c'était l'aube qui le forçait à reprendre ses esprits et à fuir vers le refuge le plus proche. Sa créatrice n'était pas très maternelle, ni douée pour le garder en vie. Peut-être même prenait-elle plaisir à le tourmenter. Une fois capable de demeurer plus ou moins maître de ses gestes pendant qu'il se nourrissait, il la quitta. Le reste du monde ne lui plaisait pas autant que les Etats-Unis, aussi resta-il à New York jusqu'au début des années 2030. Il y rencontra de nombreux autres vampires - dont le patron de bar qui devint son mentor et employeur : Adonis. Ce dernier était si vieux que personne en ville ne se souvenait d'une époque où il n'était pas présent. Adonis fut le premier vampire non meurtrier que Marvel rencontra. Au début, il se moquait du pacifisme du vieux mort-vivant mais hors du cocon qu'avait créé Elena, il était en contact avec d'autres personnes et le contact amène souvent à l'attachement. Pour ne pas risquer d'attaquer des gens qu'il appréciait, il décida de chasser hors de la ville, avec notamment un autre vampire aux tendances psychopathes mais à l'humour débordant. Bientôt, tuer des provinciaux inconnus commença tout de même à peser sur sa conscience. Non, en fait, tout fut la faute d'Heley. Heley était humaine, mais elle était tellement bizarre, joviale, souriante et imprévisible que le vampire ne put lui faire du mal. La plus colorée et bruyante des New-Yorkaises était devenue sa faiblesse.
HELEY
Heley... Heley était parfaite. Elle connaissait l'existence des vampires depuis longtemps et profitait allègrement de son petit-ami vampire quand elle avait besoin d'y voir dans le noir, d'aller faire des courses en pleine nuit à l'autre bout de la ville ou d'atteindre le toit d'un immeuble pour y regarder les étoiles. Petite, brune, tête-en-l'air et vagabonde, elle ne demandait à Marvel qu'une chose : ne pas tuer. Aussi vivait-il dans le mensonge tout faisant en sorte que ce mensonge devienne sa vie, enchaînant les soirées sushi avec les colocataires d'Heley et les visites surprises aux concerts de sa douce. Mais elle découvrit tout, bien sûr, comme toujours. Au bout d'un an de relation, les erreurs de Marvel le rattrapèrent. Pourtant, Adonis l'avait grandement aidé, et ses "nouveaux amis" étaient tous des vampires pacifiques ou des humains. C'était sans compter sur son ancien camarade de chasse, jaloux et en manque de divertissement. Pour l'empêcher de tuer la jeune femme, le vampire recommença à tuer avec lui, à chasser, à torturer, à mentir. Le pire étant qu'il s'amusait comme un gosse. Cela l'angoissait plus que toutes les meutes de loups de New York réunies (et la meute Blackwood faisait vraiment flipper). Il avait déjà vécu ainsi, il aurait pu le refaire mais sa nouvelle vie n'était pas compatible avec l'ancienne. Rongé par les remords, Marvel sortait de moins en moins et se nourrissait uniquement lors de ses chasses en forêt. Il vivait au-dessus du bar où il travaillait, dans le Bronx, et pouvait entendre les battements de cœur affolés des victimes du gang de vampires non loin. Perdu entre sa soif de sang (au sens propre et figuré) et sa conscience, il n'était plus qu'une épave. Heley comprit tout de suite le jour où il revint la voir après trois semaines à faire le mort. Il n'y avait pas une once de peur dans son regard quand elle le mis à la porte. Il l'admirait.
MORWYN
Il voulu tuer le vampire responsable de cela, pas par vengeance mais pour la protéger une dernière fois, cependant quelqu'un s'en était chargé à sa place ; son cadavre empestait le chien mouillé. Adonis menaçait de l'expulser s'il ne se reprenait pas en mains. Après tout, le brun n'existait pas aux yeux du gouvernement. Il n'avait ni salaire déclaré, ni papiers d'identité, ni adresse et ne payait pas d'impôts. Sans Adonis, il perdait son job, son logement, son mentor, sa vie. Il lui restait bien Aaron, le vampire pianiste idéaliste qui lui avait montré comment voler des poches de sang et les conserver, mais il était ami avec Heley et tentait d'officialiser sa relation avec une psychologue volage que Marvel avait vu traîner dans la plus chère des boîtes de strip-tease de l'île. Ce n'était pas la peine de lui causer plus de problèmes. Il n'avait plus aucun contact avec Elena (et ne voulait rien y changer). Barbara, sa partenaire de danse (elle l'y avait obligé), confidente et co-critique de la décadence des citadins était morte... Ouais, il avait eu du mal à encaisser la nouvelle. Les détails de l'affaire étaient flous mais c'était sûrement l'oeuvre d'un chasseur de vampires très expérimenté. Sebastian le contrebandier : mort. Joe son voisin vampire hypocondriaque : mort (pas de maladie, contrairement à ses attentes). Roxy la sulfureuse voyante : suicidée. Morwyn... Il lui restait Morwyn : la meilleure amie d'Heley qui s'était éloignée d'elle quand elle avait commencé à sortir avec un lycan du nom de Seth le crado alcoolique. D'accord, peut-être qu'il s'appelait simplement Seth. Justement, Morwyn s'était disputée avec son loup au sujet de son mode de vie destructeur et de sa proximité douteuse avec une autre louve de l'immeuble. La belle blonde refusait de se battre avec une inconnue pour les beaux yeux d'un parasite. Il se rappelait de ses paroles :
« Tu as fais ça pour la protéger, si elle ne peut pas le comprendre, c'est son problème. Seth est juste une ordure. »
Le vampire n'aurait pas dit mieux. Morwyn dormit chez lui ce soir-là et Marvel n'ayant qu'un seul lit, "l'ordure" en tira des conclusions faciles (comme s'ils avaient la tête à ça). En plus, la jeune femme avait fait des cauchemars toute la nuit et le vampire avait passé son temps à la calmer entre deux épisodes de la série préférée d'Heley. Oui, c'est du masochisme. Non, il n'a pas pleuré. Enfin, jusqu'à ce que Morwyn meurt le soir suivant sous les coups de son amant ivre. Sales chiens, tous des brutes.
RAVEN
La solitude était pesante, mais il avait repris le travail et charmait même quelques clientes avec son air triste qu'elles prenaient pour de la timidité. Puis il rencontra Raven. Violente, vulgaire, entêtée, elle ne le laissa pas refuser ses invitations à danser et le persuada de la laisser boire gratuitement après la fermeture. Elle semblait si vivante, comme si elle incarnait toute la trivialité du monde. Et jamais n'avait-il rencontré un humain capable de tenir l'alcool mieux que Seth le crado. Avec elle, Marvel souriait. Un soir, elle atteint son seuil de tolérance et s'endormit sur le comptoir. Adonis la laissa baver sur le bois et aida son protégé à regagner sa chambre, lui aussi ayant bu plus que de raison. Le lendemain, le jeune vampire fut réveillé par des pleurs et un mélange écœurant de parfum féminin et d'effluves de vomi. Quelqu'un parlait au rez-de-chaussée mais il n'entendait pas distinctement de quoi. Il tenta de se lever à deux reprises avant d'y parvenir. Ses jambes tremblaient sous son poids. Il avait soif. Et... Est-ce que quelqu'un tapait sur les murs ? Il semblait seul dans cette pièce mais... Ah. Il avait juste un gros mal de tête. Un pas après l'autre, les mains tendues devant lui, le jeune homme se déplaça dans ce qui devait être sa chambre (il n'avait aucun souvenir d'y être monté la veille). L'odeur nauséabonde s'intensifiait à dans cette direction. Ses doigts rencontrèrent le bois d'une porte, de la lumière filtrait à travers la serrure. En fait, ce parfum était familier. Raven. Raven pleurait. Si cette dernière traînait tous les soirs dans les parages, ce n'était pas parce qu'elle aimait faire la fête mais pour oublier la réalité. Elle allait mal, était malade, suicidaire, sans aucune famille pour l'héberger. Elle dormait dans une voiture cassée derrière le bar depuis deux semaines. En se réveillant dans un endroit inconnu (de jour, elle n'avait pas compris où elle était), la brune avait craqué. Elle déballa sa vie aux deux vampires pendant de longues minutes avant de s'effondrer sur le sol, assise avec ses genoux collées contre sa poitrine. Adonis lui prépara un lit dans sa propre chambre, décidant qu'il ne dormirait pas les jours prochains pour laisser une certaine intimité à cette jeune femme. En fait, elle n'avait que 18 ans, elle n'était même pas en age légal de boire.
« Je sais à quoi tu penses, tu ne dois pas faire ça. » avait murmuré Adonis à son chevet.
« Elle a parlé de se tuer ! »
« Non ! »
D'habitude si heureux de s'entendre parler, Adonis n'avait pas voulu argumenter. Pour lui, transformer quelqu'un revenait à lui imposer de devenir un monstre. Il l'avait fait pour sa petite fille, Elena, et le résultat l'avait presque rendu fou ; sa précieuse descendance réduite à l'état de tueur sans merci. C'est d'ailleurs à cause de sa propre responsabilité dans l'affaire qu'il avait pris Marvel sous son aile. Sans Elena, Marvel aurait pu continuer tranquillement sa vie misérable sans but et sans laisser de trace. Un destin bien plus enviable selon Adonis, et le barman commençait à lui donner raison. Il allait perdre encore une autre personne sauf s'il agissait avant qu'elle abandonne tout espoir et se donne la mort. Au diable les conseils d'un vieux tenancier de bar, il allait la sauver et enfin faire quelque chose de sa vie.
"Sauver" n'était pas le mot, non. Raven n'était effectivement plus du tout intéressée par la fin de sa vie mais énormément par la fin de celle des autres. Devenir un prédateur lui avait donné un tel sentiment d'invincibilité qu'à l'évocation de la police ou des chasseurs, elle répondait avec un grand sourire :
« On est trois, on va les tuer facilement. »
Adonis ordonna à son employé de trouver une solution. Il l'avait transformée, c'était à lui de gérer le problème. Tous deux quittèrent donc le bar et le Bronx pour le quartier plus tranquille du Queens où vivait Kaithleen, une jeune fille venue faire la plonge chez Adonis pendant l'été. Elle leur laissa son appartement. Une semaine s'écoula sans drame. Ils s'amusaient plutôt bien même. Aaron le pianiste idéaliste volait assez de poches de sang pour que Raven en boive deux par jour, leur rendant de ce fait régulièrement visite. Marvel lui demanda des nouvelles d'Heley. Il avait couché plusieurs fois avec Raven mais n'oubliait pas l'amour de sa vie pour autant. L'humaine chantait toujours dans de petites salles de concert, portait toujours des vêtements loufoques et parlait toujours autant à son chat, parfois en anglais et parfois en allemand parce que « Hans est un chat allemand, ça se voit. ». Ça, le barman le savait. Il écoutait ses concerts depuis la rue, la suivait de loin quand elle rentrait chez elle après minuit et rendait visite à Hans quand ni elle ni ses colocataires n'étaient à l'appartement. Non, ce comportement n'était ni sain, ni respectueux. Il s'en voulait de ne pas la laisser partir, elle méritait mille fois mieux que lui. D'autres sujets plus pressants demandaient son attention alors la flagellation mentale attendrait. En effet, une nuit, alors qu'il rentrait après avoir été acheter de nouveaux vêtements pour sa protégée, il sentit l'odeur du sang frais dans la cage d'escalier. L’ascenseur était en panne. Le vampire gravit les marches à une vitesse surhumaine pour se retrouver nez-à-nez avec le cadavre de leur voisin de pallier à moitié vidé de son sang et la nuque brisée. Un autre vision d'horreur l'attendait un étage plus haut, complètement déchiqueté cette fois-ci. Il suivit le parfum reconnaissable de Raven jusqu'au toit, le sang frais sur le sol faisant virer ses yeux au rouge. Il ne s'était pas nourri depuis sept jours, laissant tout au jeune vampire qui partageait d'ordinaire son lit et se tenait à cet instant au bord du vide, couverte d'hémoglobine.
« Les poches de sang ne me suffisent pas. Ils sont trop bons. Et je ne veux pas me cacher. »
Telles furent les dernières paroles de Raven avant que son amant ne brise l'une des chaises longues de la terrasse pour lui planter une planche de bois dans le dos, transperçant son cœur. Son visage à lui était strié de rouge alors qu'il récoltait les corps pour les brûler hors de la ville et nettoyait toutes traces du massacre dans l'immeuble.
HELEY 2
Dévasté, la logique ayant perdu son droit de vote dans ses décisions, Marvel s'enfuit dans le seul endroit où il se sentait chez lui : donc pas chez lui mais chez Heley. Elle l'accueillit avec une douceur mêlée d'inquiétude et pria ses colocataires de les laisser seuls. Sur son canapé à fleurs, le vampire se confia avec franchise et pléthore de détails. Elle l'écouta attentivement, une main sur son épaule tiède et l'autre serrant fort son téléphone qui n'arrêtait pas de vibrer. Vingt-deux appels manqués de ses colocataires l'attendaient à la fin de leur discussion. Quand il eut terminé, elle le prit dans ses bras et l'invita à rester dormir. Il ne s'y attendait pas et n'osa espérer que cette invitation tienne pour plus d'une nuit. Pourtant, ce fut le cas. Elle l'empêcha de partir quand il se réveilla à 6h du matin (il avait débarqué à 2h la veille). Les jour qui suivirent, elle appela Aaron pour lui acheter quelques poches de sang et pressa Marvel de reprendre contact avec Adonis, sachant tout ce qu'il avait fait pour sortir son petit-ami de sa folie meurtrière. Ils restèrent quelques années ensemble. Parfois, le vampire perdait pied et cessait tout simplement de fonctionner, mais elle savait le faire revenir. Il reprit son emploi chez Adonis, recommença à voir quelques couleurs dans un monde devenu gris. Hans apprit même à supporter la présence de Marvel dans l'appartement. Ils étaient trop nombreux, serrés et tous un peu bizarres mais ça ressemblait au bonheur. Son patron lui avait même avoué être fier de lui.
A l'abri à Brooklyn avec sa bande de tarés, Marvel ne prêta pas attention à la guerre des gangs qui sévissait dans le Bronx. Le charismatique chef de l'une des trois meutes de loups-garous de la ville, Zachariah Blackwood, lors de l'annuel championnat de combat de rue qu'il organisait tous les ans, avait assassiné une vampire de plus d'un siècle devant les yeux de tous les spectateurs et combattants présents (certains étant des humains ou des vampires). Il avait ainsi déclaré la guerre aux fidèles du "Saigneur" Jared Excepticon, un ancien soldat nazi transformé en 1939 et ayant utilisé ses compétences de soldat pour gravir les échelons du marché noir américain plus vite que les vampires anciens. Ces derniers l'avaient laissé prendre le pouvoir dans les bas-fonds, préférant de loin occuper Manhattan et les quartiers riches du Queens. Certains de ses suivants étaient plus âgés que lui, ce qui en disait long sur sa puissance. Résultat : deux jeunes chefs ambitieux et belliqueux de races naturellement ennemies se disputaient le même territoire. Et Adonis faisait profil bas au milieu, restant hors du radar des Blackwood. Malheureusement, Adonis et Jared se connaissaient. Marvel fut rapidement pris à parti et contraint de refuser l'entrée aux loups dans son bar sous peine de voir débarquer toute la bande du Saigneur avec des battes de base-ball et des poings américains. Blackwood l'apprit et considéra cela comme un affront personnel de la part des deux vampires pacifistes. Seth rejoint les Blackwood (contre son gré, mais Marvel se fichait complètement de ses raisons). Grâce à sa nouvelle recrue, Zachariah pensa pouvoir mettre hors d'état de nuire celui que beaucoup considéraient comme la plus vieille sangsue de New York : avec Heley, il tenait Marvel et avec Marvel, il tenait Adonis. S'ils ne fuyaient pas tout de suite, Blackwood gagnait. Adonis ne pouvait quitter New York, il refusait d'abandonner Elena. C'était donc à Marvel de partir sans garder contact avec qui que se soit. S'il partait, faire du mal à Heley ne servirait à rien aux lycans. S'il restait, Adonis les laisserait tous les deux mourir sans broncher. Il était pacifiste, pas émotif. Marvel avait enfin sa chance d'être un héros en partant sans se retourner. Mais à cette même époque, les humains commençaient à se rendre compte des choses qui vivaient autour d'eux.
Zachariah et Jared n'en étaient pas responsables mais cet éveil des consciences permit aux chasseurs d'agir en masse dans le Bronx et donc d'occuper la meute au point que Marvel crut être enfin tranquille. Mais Seth fut capturé et vous avez déjà remarqué avec quelle facilité Seth raconte toute sa vie sous la moindre menace de torture. Autant dire que le bar fut rapidement occupé par les brigades anti-vampires qui sévissaient déjà dans l'ombre depuis des années. Ce climat de tension créa des désaccords chez les colocataires d'Heley qui découvrirent la véritable nature du barman. Impulsif et acculé, ce dernier s'emporta auprès d'eux et alla jusqu'à en blesser une au bras. Ce n'était qu'une égratignure, néanmoins ce fut assez pour qu'Heley rompe avec lui et lui demande de ne plus jamais revenir. Il fut recueilli par l'un des lieutenants de Jared qu'un lycan tua deux jours plus tard. Ensuite, Jared le mit au travail : Marvel devait aider les nouvellement transformés à trouver de quoi se nourrir et nettoyer après eux. C'était mieux que d'affronter les Blackwood. Pour se donner du courage, il observe le collier ridicule qu'il a dérobé chez son ancien amour. Ce chat bleu est vraiment très laid, mais il lui rappelle qu'il a été heureux et peut l'être de nouveau, même s'il ne pense pas que ça durera. Etre immortel c'est subir un cycle infini de hauts et de bas, alors autant profiter des rares bons moments avant qu'ils disparaissent.
Adonis le contacta un jour depuis un téléphone jetable. Pris d'un élan de compassion pour le jeune vampire, il lui acheta un billet d'avion pour Londres qui partait dans la soirée et atterrissait là-bas de nuit. Il ajouta que l'Europe était en avance sur leur pays en termes de prise en charge des non-humains par le gouvernement. Aux USA, les chasseurs pouvaient encore agir à leur guise sous les applaudissements des pauvres humains "sans défense", les autorités n'étant pas d'accord sur la marche à suivre. Puisqu'il n'avait nulle-part où aller, Londres ne semblait pas si horrible. A l'aéroport, on lui confisqua son couteau en argent mais pas sa glacière contenant deux poches de sang. Une fois arrivé, il décida d'obtenir une identité. L'administration prit du temps mais il fut officiellement inscrit dans les listes des citoyens du Royaume Uni avec la mention "vampire" joliment ajoutée après "date de naissance : 20/10/1943". Une fois qu'il existait aux yeux de tous, il put chercher un appartement (minuscule) et postuler pour du travail afin d'enfin utiliser cette formation de veilleur de nuit qu'il avait reçue pendant qu'il habitait chez Heley. Le musée qui l'accepta fut ravi d'avoir un employé qui ne risquait pas de s'endormir au travail (et contrairement aux jobs comprenant du contact humain, il n'allait pas s'en prendre aux tableaux). On ne posa pas de question quant à son accent américain, heureusement. Il ne manquait plus qu'il soit renvoyé dans son pays...