| #18779 June Magdalena Archer Mar 14 Mar - 8:00
Dernière édition par June Archer le Mar 14 Mar - 16:11, édité 4 fois
June MagdalenaArcher Identification Nom: Archer Prénoms: June Magdalena Surnom: Âge: 39 ans dont 21 en tant que lycan Sexe: féminin Orientation sexuelle: Bi Pays d'origine: Belgique Race: Lycan coyote Groupe: Libre pour le moment Emploi: Barmaid Supérieur immédiat: Magdalena O'Donnel (décédée)
| | Derrière l'écran Prénom: Marion Surnom: Âge: 27 ans Découverte: Elizabeth Rosenbach Fréquence de connexion: 5/7 mais actuellement j'ai des problèmes de pc donc il pourrait y avoir des imprévus. Autres personnages: Autres trucs sur vous: Névrosée, à coté de ses pompes, un peu félée... Commentaires: Je reprends le rp, je risque d'être un peu rouillée au début.
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Le physique qui me différencie June a le physique d'une femme de 25 ans environ, et une morphologie juste assez atypique pour rester harmonieuse et lui donner un caractère unique. A la première impression, elle laisse ainsi un contraste déroutant entre sensualité et robustesse, espièglerie enfantine et perspicacité. Elle est grande et de constitution plutôt solide avec son mètre soixante-quinze et ses 67 kilos que le yoga a rendu à la fois souples et athlétiques. Ce dont elle se félicite car, autrement, avec sa peau claire où se perdent une poignée de taches de rousseurs et l'ovale délicat de son visage, on pourrait penser qu'elle est plus jeune encore que ce que la lycanthropie laisse entendre. De ses traits très expressifs, on retient le plus souvent ses lèvres charnues, et plus encore son regard appuyé. Ses grandes prunelles bleutées vous scrutent sans détoure, et même lorsque la dominance l'oblige à baisser les yeux, on ressent leur vive attention sur ce qui l'entoure. Sa voix va bien à son physique; une voix d'alto emplit de riches variations reflétant son état d'esprit et auquel se mêle un très léger accent wallon quand elle est enthousiaste. Et pour ceux qui ont les sens assez fins, elle laisse derrière elle une senteur chaude et légère de désert.
Elle a un look qui se voudrait assez passe-partout avec des vêtements très pratiques, mais qui au final lui donne juste l'aire un peu évaporé d'une artiste ou d'une intello. Déjà si le châtain indéfinissable de sa chevelure ne rend pas celle-ci particulièrement remarquable, en revanche sa longueur si. Ses cheveux épais et légèrement ondoyants lui descendent en effet jusqu'aux fesses. Elle ne fait par ailleurs pas d'effort pour les discipliner; vaguement attachés, en chignon ou tressés, elle a toujours des mèches folles qui échappent à son peu d'attention pour accompagner chacun de ses mouvements. Elle s'habille en superposant couleurs et matières avec la même insouciance. Autant dire que ce n'est pas non plus son genre de se maquiller. Ses seules touches de fantaisie sont sa paire de lunettes de soleil et les mitaines sous lesquelles elle dissimule souvent des traces de morsures. Elle a également un tatouage et une scarification mais ceux-ci ne sont que rarement visibles; le premier dessine une empreinte de coyote sous son nombril, tandis que la seconde trace trois lignes parallèles à une cicatrice opératoire qui coure sur vingt centimètres dans son dos, donnant ainsi l'illusion d'une griffure. La dite cicatrice reste par ailleurs douloureuse; c'est un de ses points faibles.
Sous sa forme de lycan évidement June a un gabarit un peu plus léger que les lycanthropes loups. Bien qu'elle leur ressemble beaucoup, comme les coyotes elle est légèrement plus petite et surtout elle est moins imposante, plus fine. Elle est ainsi un peu moins forte que la moyenne des loups-garous, ce qu'elle compense néanmoins par une vitesse un peu plus accrue, ce qui est assez pratique si on a affaire à plus fort que soi. Son museau et ses oreilles sont un peu plus allongés et ses hurlements sont moins profonds que ceux de ses cousins lupins. Quant à son pelage, elle a hérité de la couleur un peu bâtarde de ses cheveux, mais se déclinant du brun-gris sur son dos pour prendre des tons beiges et argents sur ses flancs. Elle a sinon les yeux qui deviennent mordorés; c'est le premier indice de sa transformation. Le psychologique qui m'habite Indépendante et spontanée, June est un esprit libre. Elle se comporte comme elle l'entend sans vraiment se soucier des conséquences ou de ce que l'on pense d'elle. Ne tenant pas vraiment aux conventions donc, elle va facilement vers les autres. Elle use beaucoup du langage corporel et aime taquiner les gens avec une bonne dose d'humour et d'autodérision. Le problème c'est qu'elle ne s'embarrasse pas toujours de tact, même avec les inconnus.
Cette attitude peut lui attirer des ennuis (surtout si elle cherche plus grand, plus fort et plus méchant qu'elle). Mais flirter avec les limites de temps en temps est loin de lui déplaire. Contrairement à ce que l'on pourrait croire June n'est pas inconsciente, ses imprudences sont bien souvent délibérées. En vérité la jeune lycan pense avoir peu à perdre et s'avère plutôt débrouillarde. Du coup elle n'en fait qu'à sa tête quand ça l'arrange.
Ainsi, elle sait parfaitement ce qu'elle fait la plupart du temps. Avec un peu d'attention, on s'aperçoit vite que derrière sa légèreté, c'est une personne plutôt avisée en plus d'être très précise. D'ailleurs, malgré les lacunes de son éducation, pour satisfaire sa curiosité elle s’intéresse à nombres de domaines, surtout techniques et scientifiques. Elle est également yogi et c'est une dessinatrice de talent bien que ses œuvres au premier abord n'ont pas grand chose d'artistique. Avec son sens de l'observation pointue, elle a en effet une prédilection pour les planches et autres dessins techniques.
June a une approche tout aussi analytique des races; pour elle qu'il y ait des prédateurs et des proies est dans l'ordre naturel des choses. Et puis, elle sait personnellement que les monstres ne se définissent pas par la race; il y en a chez les humains comme chez les autres. C'est pourquoi elle ne juge pas les individus sur leur seule race, mais ne se sent pas non-plus coupable de chasser des humains entre autres gibiers. En générale avec les humains, ce n'est qu'un jeu qu'elle pratique sous forme humaine pour se détendre. Néanmoins elle ne voit pas trop d'inconvénient à participer à la sélection naturelle et à tuer quelques brebis galeuses occasionnellement.
June pense que le meilleur moyen de se contrôler est encore de satisfaire ses instincts dans la mesure du possible quand elle est sous forme humaine. Elle fait tout pour être en accord avec sa nature. La lycanthropie entretien en particulier chez elle des appétits exacerbés et c'est pourquoi elle s'isole par contre lors des pleines lunes (et qu'elle a un goût prononcé pour la cuisine le reste du temps). Mais pour un lycan elle est assez calme. Sauf si on l'entrave. Elle est terrifiée à l'idée d'être paralyser et elle n'attendra pas d'avoir fini de se transformer pour faire des dégâts si on limite sa liberté de mouvements.
Chose étonnante pour une lycan, June à beau être très ouverte (voir encombrante), à long terme elle se lie peu aux autres. Pourtant c'est quelqu'un qui est capable d'une profonde affection. Elle est d'une loyauté sans faille concernant ceux qu'elle considère comme les siens, quelques soient leurs races. Pour eux, elle est capable du meilleur comme du pire. Normal qu'il soit difficile d'avoir sa confiance. Le passé qui m'a construit- Spoiler:
24 Août 2029, Maroc
J'ouvre les yeux. Je suis allongée nue sur le tapis maculé de sang. J'ai dormis là, la rage et la faim de l'animal apaisées. A présent l'aube approche, jetant sa lumière délicate sur la violence de ma nuit. Ici, j'ai dévoré ma douleur une bonne fois pour toute. Les animaux ne souffrent pas du passé, je saurai maintenant faire de même.
Ma main se pose sur mon ventre encore arrondit de mon festin, et un sourire en coin je me souviens de la tendresse d'une autre rondeur. Je peux me rappeler aujourd'hui sans pleurer.
10 Novembre 1998, Brussels
« … J'EN AI ASSEZ DE FAIRE SEMBLANT !!!! »
Papa et Maman crient encore. J'entends un bruit sourd, puis du verre cassé. J'arrête un instant de jouer et je tends l'oreille pour percevoir le gémissement de ma mère. Un autre morceau de vaisselle éclate contre un mur et je sais alors qu'elle est toujours consciente. Je reporte mon attention à mon jeu de construction, essayant de rester indifférente à la scène mainte fois répétée qui se déroule au rez-de chaussé. Je crois que c'est normal, aussi je reste tranquille pour ne pas me faire gronder. La dernière fois, j'ai perdu une dent quand maman m'a punie pour être descendue alors qu'elle et papa se disputaient. La petite souris n'était même pas passée cette fois là.
« Je ne veux plus de ton petit monde parfait, j'en ai marre de m'occuper de la p'tite quand tu sors en douce retrouver dieu sais qui; j'en ai marre de tes dîners avec les voisins où je dois rester tout sourire pendant que tu te MOQUES DE MOI! C'EST TOI QUI M'OBLIGE A FAIRE CA ! »
A nouveau des coups sourds, des pleures, maman qui supplie. Le rideau va tomber dans peu de temps, je le sais, sauf si papa décide de punir maman dans la chambre. Je reste aux aguets car quand ils vont dans la chambre, ils crient encore plus forts et je dois mettre mes mains sur mes oreilles pour pas avoir envie de pleurer. Ils n'aiment pas quand je pleure. Et puis, quand ils reviennent de la chambre ça va mieux, alors je ne dois pas être triste. Mais aujourd'hui ils ne vont pas dans la chambre.
« … on va voir si tu peux la jouer toute seule ta vie parfaite. »
Je m'applique à poser les dernières briques de mon château, quand la porte d'entrée claque brutalement. Je sursaute. Mes briques s'écroulent. Mon magnifique château que j'ai mis tant de temps à construire se transforme en ruine. Je me lève et de rage j'envoie un coup de pied dans ce qu'il en reste. Demain j'ai huit ans. Je voulais un beau château pour mon anniversaire.
18 Septembre 2007, Liège
Cela fait deux heures que je tourne dans le labyrinthe des rues, aveugle à ce qui m'entoure. Je regarde encore une fois mes résultats. Mon sang bat dans mes oreilles. Positif. Le verdict est tombé, il n'y a plus le moindre doute. J'ai 16 ans et je suis enceinte de 5 semaines. Je replis ma feuille d'examen, et je continue à marcher, incapable de savoir où je vais, la décision coincée das ma gorge.
Il y a peu encore, je pouvais me considérer comme une fille responsable, et tout le monde me voyait ainsi. Le genre de fille qui fait de belles études, qui vient en aide à sa famille, qui bosse l'été... Et qui ne couche pas avec le premier venu dans une soiré sans se protéger. Je ne connais même pas le nom du gars et je n'ai rien pour le contacter. Pas que ce soit essentiel, mais ça ne fait que souligner à quel point j'ai merdé.
Je sais très bien ce que je dois faire. Le choix tient de l'évidence. Je dois avorter. Je veux devenir architecte, je vais faire de longues études, je n'ai pas le temps d'assumer une grossesse ou de devenir mère. En plus je m'occupe déjà de la mienne, de mère. Je ne voudrai pas devenir comme elle; seule avec un enfant à charge et trop immature pour assumer son rôle. Je l'aime, là n'est pas la question. Seulement être sa fille n'a jamais été facile. L'avantage dans ma situation actuelle, c'est que je n'ai pas à craindre sa réaction. Elle n'aura même pas à le savoir si j'avorte; je m'occupe depuis longtemps de mes papiers et de ma santé, quand ce n'est pas des siens. Alors pourquoi j'ai peur?
Car si la décision est simple à prendre, je ne suis pourtant pas encore revenue sur mes pas pour prendre rendez-vous au centre médical. J'ai beau récapituler toutes les raisons qui me pousseraient à mettre un terme à cette grossesse, je n'agis pas. Je suis paralysée par le doute. Je fais tout pour me convaincre, mais j'ai le sentiment insidieux que je suis déjà un peu mère et que la vie en moi m'est plus précieuse que je ne veux le croire. En réalité ce qui m'effraie, c'est que je sais déjà ce que je vais faire malgré tout mes raisonnements.
Je n'ose même pas le formuler. Mais je vais rentrer chez moi. Peut-être que finalement, en discutant avec ma mère, tout cela me paraîtra un peu plus un peu plus clair.
Nous louons un petit appart'. Rien à voir avec la maison dans laquelle je suis née et que mon père a vendue avant de disparaître dans la nature. Mais il y a assez de place pour deux. Je ne m'inquiète plus trop alors que je gravis les escaliers. Ma mère va mal réagir, cependant étant l'adulte de la maison, je bénéficie d'une bonne marge de manœuvre. En temps normal elle ne remarquerait même pas que sa fille de 16 ans rentre tard. Pourtant cette fois-ci, dès que j'ai passé la porte, elle se précipite vers moi dans un élan d'enthousiasme inhabituel.
- Eh bien alors où tu étais? Tu n'as même pas rallumé ton téléphone, je t'ai laissé trois messages. J'ai une super nouvelle !!!
Elle fait preuve de l'excitation d'une adolescente et en entendant la pointe d'hystérie dans sa voix, je devine qu'on ne pourra discuter sérieusement dans l'immédiat. Dans ces moments-là, ma mère a tendance à oublier que je suis sa fille, pour devenir une lycéenne surexcitée faisant des confidences intimes à sa meilleure amie.
- Ça y est on sort officiellement ensembles !!!!
Aï... Ma mère a un goût douteux en matière d'hommes, et ils ont une très mauvaise influence sur elle. A chaque fois qu'elle a un compagnon, je dois me tenir sur mes gardes, tant face à ces hommes souvent un peu pervers ou violents, qu'en face d'elle car tout ce qu'elle perçoit comme une menace pour sa relation est brutalement rejeté. J'en ai déjà fait les frais et plus je grandis, plus elle se sent vieillissante et plus je dois être prudente. Le faite que je sois enceinte risque de lui rappeler douloureusement que chaque jour je deviens un peu plus femme.
- Pourquoi tu fais cette tête?
- Oh rien. Excuses moi, j'ai eu une journée difficile. Le prof de math me déteste parce que je suis plus douée que lui en géométrie. Mais vas-y raconte moi! C'est qui ce gars ?
Alors même que je joue mon rôle de copine de lycée et que ma mère m'expose son idylle, je réalise que la voir ainsi fini de me convaincre. Je pourrais attendre d'avoir un travail, un logement et d'être en couple pour devenir mère, c'est certain. Sauf que je sais que rien ne marche jamais comme on l'espère, ma mère en est la preuve vivante. Elle a passé tant d'années à bâtir des châteaux en Espagne, à courir après un idéal, qu'elle est passé à coté de sa vie pour se perdre dans le fantasme.
Je peux très bien devenir mère aujourd'hui, je saurai m'en sortir. Par contre ce n'est pas le moment de faire des vagues. Aussi je garderai ma grossesse pour moi tant que le couple de ma mère durera. Les relations de ma mère survivent rarement au-delà de quelques mois et à priori, j'en ai 8 pour voir venir.
2 Janvier 2007, Hôpital de Liège
J'écoute finalement le message de ma mère. C'est irréel. Comment on en est arrivées là ? Comment peut-elle faire ça ?
« Écoute June, je m'excuse de ce qui s'est passé mais t'as vraiment été trop loin... Je pense que le mieux, c'est qu'on en reste là... Je m'en vais, avec Thomas on va voyager. Je continuerai à payer le loyer et je t'enverrai un peu d'argent chaque mois, mais tu comprends maintenant faut que je pense à moi. Remets-toi bien. »
J'ai envie de hurler, de frapper... à défaut j'envoie mon portable contre le mur. J'aurai souhaité qu'il casse mais je n'ai pas assez de force. Je suis allongée sur un lit d’hôpital, incapable de me redressée. Un infirmier m'a vu faire et il se précipite à mon chevet pour me maintenir fermement dans mon lit.
- Du calme, ça va aller. Ne bouge pas. Je sais que c'est difficile mais pour l'instant tu ne dois pas bouger. Demain ce sera fini. On te réopère et ce sera fini... Tu pourras rentrer chez toi.
Mes larmes finissent par déborder à ces mots.
- Tu ne veux toujours pas parler à la police? Ou à quelqu'un d'autre de ce qui s'est passé? Je vais appeler quelqu'un...
Je retiens sa main avant qu'elle ne se porte sur le téléphone.
-Ok, ok. Ça attendra. T'es pas obligée mais il faut absolument que tu te calmes... Moi c'est Alex. Si t'as besoin de quoique ce soit, je reste là...
Il continue à me parler doucement, jusqu'à ce que je m'apaise. Je porte la main à mon ventre où la semaine précédente encore palpitait une vie.
-Je sais, murmure-t-il.
Je n'ai pas de mot pour raconter ce qui s'est passé, seulement des cris et des sanglots. Parce que ça ne s'explique pas d'avoir été battue par la mec de sa mère parce qu'on l'a repoussé. Pas plus que la jalousie d'une mère qui la pousse à se ranger du coté du bourreau de son enfant, plutôt que de la protéger. J'aurai préféré prétendre que j'étais tombée par accident sur la table basse. Mais outre que ma mère m'a poussée, son copain m'a laissé trop d’hématomes pour mentir sur leur origine. Maintenant j'ai perdu mon bébé et je me retrouve seule alors que je suis incapable de me lever.
Alors non. Je ne veux pas en parler.
21 Décembre 2008, Forets Ardennaises
-June !
Je roule jusqu'à la cuisine pour aider Mag à ranger les provisions. Mais en lieu et place des sacs que je m’apprêtais à décharger, elle tiens une grande paire de béquilles. Son visage s'éclaire d'une moue moqueuse; j'imagine que mon expression vaut le détoure.
Il y a moins d'un an, je suis sortie d'une énième opération ayant pour but de retirer mes broches. J'étais en fauteuil roulant, et bien que n'étant pas paralysée, les traumatismes qu'avait subit ma colonne vertébrale auraient nécessité une rééducation que je ne pouvais m’offrir, si je voulais récupérer complètement ma mobilité. C'est là qu'Alexandre m'avait parlé de Magdalena O'Donnel. J'étais septique mais à force de se croiser à l’hôpital, l’infirmier était devenu un ami et ne serait-ce que parce que j'avais confiance en lui, je me devais d'essayer.
J'avais donc débarqué dans le bled pommé de l’Ardenne où m'attendait cette pseudo sorcière. Le contacte n'avais pas été facile. Habitées d'une même méfiance, on s'était jaugées un moment avant de s'apprécier. Mes exercices avaient aidé. Magda était exigeante et rude, elle n'hésitait pas à me provoquer pour que je pousse mon corps un peu plus loin. A la fois kiné, prof de yoga et psy, ses méthodes s’avéraient efficaces et plus que le contrôle de mes jambes, Mag m'a permit de reprendre un peu le contrôle de ma vie.
Ça fait un mois que je loge chez elle car depuis que j'ai atteints ma majorité, ma mère a arrêté de payer le loyer de l'appartement. Une chose à ajouter à la reconnaissance de dette que j'ai faite à Magdalena, car malgré l'aide que j'essaie de fournir en retour de l'hébergement et des soins, je dois énormément à cette femme. Je ne suis même pas sure de pouvoir lui rendre un jour l'opportunité qu'elle m'offre ; celle de remarcher.
-Lève-toi. On va voir si elles te vont.
Mag m’entraîne depuis deux mois afin que je puisse tenir debout. Je m’exécute sans même y penser, en dépit de mes jambes encore tremblantes. L'autorité de Mag est indiscutable et je lui fais entièrement confiance à présent. Avec le temps, lui obéir est devenue un réflexe un peu gênant, mais aux vus des résultats, je ne saurai le regretter. J’attrape les béquilles et tente un pas. Je parviens à en enchaîner deux avant de chanceler en riant. Magdalena me rattrape juste à temps pour que je ne finisse pas étalée par terre.
-Doucement.
Je suis toujours impressionnée par la force de Mag. Elle est âgée et menue de surcroît, et pourtant elle est capable de me soutenir facilement. Elle me repose dans mon fauteuil et s’arrête un moment à ma hauteur pour me fixer dans les yeux.
-On aura le temps de t’entraîner. Mais avant, dis moi si tu es toujours prête à faire quelque chose pour moi en retour. Même si pour cela, il faut me faire entièrement confiance ?
Avec Alex, Mag est la seule personne avec qui j'ai noué des liens depuis le jour où j'ai atterris à l’hôpital. La vie m'a apprit qu'il y a peu de gens en qui on peut avoir confiance et que rien, pas même le sang ne peux me prémunir contre la trahison ou l'abandon. Aussi ai-je le choix de m'y risquer ou non. Après tout je n'ai que peu à perdre et tout a y gagner. J’acquiesce en ne la quittant pas du regard.
-Tu n'as pas peur, sourit Mag. Tu es prête à prendre les choses comme elles viennent. Tu n'auras aucun problème pour la suite, conclut-elle pour elle-même en me laissant à ma perplexité. Je reviens.
J'ai préparé le repas et je l'attend le soir venu. Comme il se fait tard, je commence à m’inquiéter. Je sors dehors. La nuit est claire. La lune haute et ronde dans cette région isolée vaut toute les lampes de poches et je n'hésite pas à m'éloigner de la maison. Soudain je perçois un mouvement avant de voir se dessiner une silhouette dans le sous-bois. Je n'ai pas le temps de reculer, qu'elle est sur moi. Je me retrouve face contre terre tandis que mon fauteuil dévale la pente. La créature, ne m'a pas blessée, aussi je demeure immobile. J'entends son souffle tout proche qui parcoure mon corps et je me retiens de trembler. Puis sa mâchoire se referme sur mon mollet. Je serre les dents en sentant ma peau céder sous les crocs pour ne pas crier. L'instant d'après, la chose a disparut.
Secouée, je demeure interdite, je ne peux de toute façon pas courir me réfugier à l'intérieur. Je reprends à peine mes esprit qu'un feu inconnu embrase brutalement ma jambe. La douleur est irradiante, insupportable et s'étend doucement dans le reste de mon corps. Cette fois je cri.
14 Avril 2029, Falaises du Moher, Irlande
Mag avait raison. C'est un bel endroit. Même sous un ciel de plomb, les plus hautes falaises d'Europe ne peuvent qu'impressionner. L'air est électrique de l'orage qui approche. Une journée à la mesure de Mag ; entière, puissante...
Magdalena O'Donnel est née ici en Irlande, en 1741, avant de partir s'installer en Amérique où elle avait été transformée par un amérindien. Le fait que j'attende le descendant humain de ce dernier près de 300 ans plus tard, me donne d'avantage le vertige que les 215 mètres de l'abysse qui s'offrent à moi. C'est comme découvrir de nouvelles racines là où avant je n'avais rien.
Une voiture au loin se gare. Je ne me retourne pas, préférant m’abîmer encore à la contemplation des éléments déchaînés, le temps qu'il approche.
-June.
Je me retourne juste à temps pour finir enlacer dans les bras d'Alexandre. Il m'embrasse le front, sans la moindre hésitation malgré les années et ce qu'il sait à présent de ma nature.
-Salut vieux croûton.
Ma remarque le fait sourire et j'en profite pour le détailler. Rien ne laisse à penser qu'il a du sang amérindien. Et il a vieillit bien sûr. Il approche gentiment de la cinquantaine à présent, tandis qu'on croirait que je n'ai pas plus de 25 ans. Et ça ne va pas s'arranger avec le temps. Cette idée m'attriste un peu, n'ayant finalement que peu d'amis.
-Alors comme ça tu descends d'un grand chef indien? Me moquai-je.
-Et toi tu as l'aire humaine. Il ne faut pas se fier aux apparences tu le sais. Elle t'a expliqué?
Je soupire en resserrant mon étreinte sur l'urne que je tiens dans mes bras. Bien sûr qu'elle m'a raconté son histoire. On a eu le temps pour en parler. Je n'ai pas eu beaucoup de contacte avec d'autres lycans, les coyotes étant rares et les loups pas toujours très doux avec leur cousins, mais avec la transition j'ai comprit ma chance. Il n'y a pas forcément beaucoup de lycans aussi jeunes que moi qui ont été formés par une ancienne. Mag m'avait fait remarcher et avait attendu d'être certaine que je me remettrai physiquement et que j'avais le mental assez solide, pour me transformer. Ensuite elle avait patiemment aiguisé mon contrôle durant les deux dernières décennies. En toute contre partie, elle m'avait demandé de tenir une vielle promesse qu'elle avait faite.
-Oui. Je dois veiller sur ta ligné. Comme elle l'a fait.
Dans la tribu de l’ancêtre d'Alexandre, un membre était destiné à devenir Coyote, un lycan et un pariât, qui avait pour rôle de protéger le groupe. Lorsque les occidentaux avaient commencé à décimé les siens, le vieux lycan avait choisit une gardienne irlandaise, une femme qui l'avait respecté et qui pourrait veiller sur les plus jeunes de la tribu dans le nouveau monde qui se profilait.
-Ce rôle risque d'être plus honorifique qu'autre chose pour toi. Le monde est devenu plus dangereux pour les « Coyotes », je ne m'attends pas à ce que tu nous protèges. Tu devrais surtout te préserver.
Alex, chevaleresque jusqu'au bout. Il se rappelle peut-être un peu trop bien de l'adolescente brisée qu'il avait rencontré. Je lui sourit.
-Je veillerai sur vous comme je l'ai promis. Pour toi, pour Magda et pour un vieil amérindien qui me donne l'étrange impression d'avoir plus que l'histoire que je connaissais... Je serai discrète, je te promet.
Avant qu'il ne se prenne pour le frère protecteur dont il avait un jour prit le rôle. J'ouvre l'urne et la tends vers lui. Il prend une poignée de cendres mais cela ne suffit pas à le dissuader.
-C'était une survivante comme toi, je savais que tu lui plairais. C'est pourquoi je pense que tu n'étais pas qu'une héritière pour sa dette. Penses-y, s'il te plaît, avant de te mettre en danger.
Je ne lui réponds pas et je prends à mon tour des cendres pour les lâcher au vent.
24 Août 2029, Maroc
Après la disparition de Mag, outre la promesse faite à Alexandre, je ne savais que faire, ni où aller. Je m'étais découvert une nouvelle famille, une nouvelle histoire mais j'avais le goût toujours salé de ma vie humaine. Un goût de larmes et d'inachevé. Alors j'ai recherché mes parents et Thomas. Il s’avéra que mon père était mort d'un cancer, lentement, seul et détesté par mon demi-frère dont j'ignorai l'existence jusqu'alors. Par contre, à ma grande surprise, Thomas et ma mère étaient encore ensembles. Fuir avait dû les rapprocher. Ils habitaient au Maroc.
J'ai attendu la nouvelle lune et j'ai pénétré dans leur propriété hier soir avant de m'enfermer avec eux. J'ai tué Thomas devant ma mère en essayant de rester sous ma forme humaine le plus longtemps possible, pour qu'ils me reconnaissent bien. Et ensuite j'ai lâché prise.
Je me tourne vers les restes de ma génitrice à mes cotés sur le tapis. Mon histoire a aujourd'hui un autre goût; celui de son sang. Mais il faut que j’arrête de rêvasser, et que je nettoie les traces de ma soiré.
Je vais me faire oublier quelques mois, puis j'irai à Londres. Alex a découvert il y a peu qu'il avait une fille illégitime, Emma Lillake, et m'a demandé de veiller sur elle.
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