Ariel Tombstone

Le physique qui me différencie
Le mélange entre feu et glace a toujours fait partie d’Ariel. Les deux grands glaciers ronds qui colorent ses orbites sont d’un naturel antipathique si bien que son mutisme en devient éloquent, comme s’il émanait d’elle un avertissement de ne pas s’approcher. Bien trop souvent considérée comme une fleur fragile à cause de ses épaules menues et de sa taille un peu en-dessous de la moyenne (soit un mètre soixante et un, pieds nus) les plus mutins qui se frottent à ses épines s’y risquent et bien souvent se confrontent à une tigresse à laquelle on ne s’attend guère. Le surnom de petite sirène n’aura probablement jamais été aussi faux.

Un rideau flamboyant chute en frange pointue sur son front et se déverse jusque sur son petit nez. Lisse et soyeuse, sa chevelure ardente cascade de quelques millimètres en-dessous de ses omoplates et finit en de multiples fourches. Elle y prend soin de ses cheveux, parfois Ari réfléchit en passant avec nonchalance ses phalanges entre ses mèches qui s’enroulent autour de son index, et elle se dit qu’elle en a de la chance, d’avoir des cheveux aussi beaux.

De son omoplate gauche jusqu’à la partie supérieur de son avant-bras est tatoué un dragon noir qui s’enroule le long de sa peau en ouvrant la gueule vers l’extérieur. Son second tatouage prend forme dans le bas de son dos et est un kanji qui signifie « Charme ». Comme la majorité de la gente féminine, les petites oreilles lobées d’Ariel sont trouées. En plus, elle porte au nombril un piercing à chaîne symbolisé par un œil oudjat qui enjolive son ventre plat.

Souvent qualifiée de féline parce que sa démarche est discrète et que ses pas sont légers, Ariel est une femme souple et leste. Entraînée par des années de danse et de gymnastique, elle était d’abord intéressée par l’aspect pratique de ces sports bienfaiteurs pour son corps et pour dépenser son énergie en surplus. C’est très vite devenu une passion qu’elle ne lâcha guère plus, devenant presque une façon de s’exprimer à la place des mots.

Quant à son style vestimentaire, Ariel adore porter du blanc, du rouge, du beige, du noir et du vert pomme, ce sont assurément ses couleurs fétiches. L’enquêtrice affectionne tout particulièrement son long manteau qu’elle enfile presque tous les jours, et puis parfois elle se vêtit d'une chemise avec une cravate. Elle porte également très souvent des collants en nylon et des talons. Le port de bijoux est plus rare, mais Ariel aime bien les boucles d'oreilles. Dernière petite particularité sur Ariel, parfois la belle enfile des lunettes sur son petit nez, c'est parce qu'elle ne sait plus correctement voir de loin. Néanmoins, sa vue reste bonne et l'usage de lunettes n'est pas forcément tout le temps nécessaire.

Le psychologique qui m'habite
Ariel... Elle s’était toujours contentée d’être là. D’être en vie, simplement en vie. Se tenant derrière la fenêtre de sa chambre, les passants allaient et venaient dans la riche allée de Londre, parfois les visages devenaient routines pendant que d’autres disparaissaient à tout jamais de la toile. C’était comme un rituel de se tenir là, derrière cette vitre opaque. Curieusement assise sur sa chaise comme une indienne et la tête levée légèrement en arrière, ses cheveux se bousculaient dans son dos. Ses deux miradors bleus se contentaient de ne guère bouger d’un cil, observant les êtres comme des données auxiliaires dénuées de la moindre importante. Depuis son enfance, elle n’avait présenté qu’un ou deux sourires, peut-être deux trois larmes et jamais la colère ne s’était manifestée sur son visage. Ariel se tenait là, aussi impénétrable que l’Olympe et aussi incompréhensive de la vie qu’un homme en état de mort cérébral.

Souvent jugée troublante ou inquiétante, considérée comme une sorte de faucheuse sans âme, ce n’est jamais facile de lui faire face. Ses yeux ne clignent pas, un défaut de conception qui se règle par l’utilisation de quelques gouttes pour les yeux, afin d’hydrater ses deux pierres précieuses. Ainsi elle peut observer pendant plusieurs minutes sans communiquer, se berçant dans ses réflexions et pensées très nombreuses qui finissent souvent par la submergée. En réalité, si elle laisse cet étrange sentiment de malaise derrière elle, soyez certain qu’Ariel aura été plus gênée que vous. Paralysée par sa timidité maladive, par son manque de confiance en elle et ses difficultés pour se faire comprendre d’autrui, affronter une personne de face est pour elle une route si semée d’embûches qu’elle ne démarre même pas sur la voie.

Peut-être cachée derrière un arbre, Ariel fixera une personne et puis une autre. Elle ne veut pas gêner, elle ne veut pas obstruer, elle ne veut pas être une infortune. Le grand chemin du parc ? Elle ne l’empruntera pas et choisira vaguement de passer par les sentiers battus. Préservée du mal, elle imaginera innocemment une vie aux gens. Cet homme-là, sportif et musclé, il court avec des oreillettes pour couper son audition extérieure. Elle sourit et l’imagine dans une armure. Ce matin, c’est un grand guerrier qui sauve une princesse dans les abysses de la Terre... Elle regarde cette vieille dame, une sorcière qui protège ses secrets qui sont enfermés dans une sobre cahute des marais...

Sans avis particuliers, Ariel est très obéissante et loyale. Ce qu’on lui demande, elle le fait, elle le fait bien et puis voilà. C’est fait. Ensuite, elle fait autre chose en attendant qu’on lui demande une énième faveur. Elle ne dira rien, puisse qu’elle ne sait pas vraiment quoi dire. Et puis, ce n’était pas comme si un son sortait de ses lèvres, muette progressive depuis sa naissance. Elle connaît bien le langage des signes, mais ça ne lui permettra toujours pas de communiquer avec n’importe qui.

Ariel a plusieurs passions. Tout d’abord, sa première passion ce sont les mathématiques, une matière intellectuelle qui ne nécessite pas la parole pour être effectué. Puis vient son goût aux énigmes, bien plus intelligente que la moyenne, son aide est précieuse pour résoudre les affaires les plus coriaces auxquels son père est confronté. Et enfin, son attention se tourne vers la danse et la gymnastique. Les valses, c’est un peu son rêve. Ouai ! Carrément même ! La petite sirène s’est déjà surprise à être affublée d’une robe de princesse et aux bras de son prince charmant, les voilà dansant la plus belle des valses.

Chose surprenante, dans toute son introversion, avec les personnes qu'elle aime Ariel est protectrice, tactile et très câline. Elle manque clairement de ça, d'amour. Mais, elle n'a jamais vraiment su le faire comprendre. Très empathique envers autrui, Little Red se fait toujours du soucis pour les autres et est aux petits soins, même parfois un peu trop au point d'en devenir embarrassante pour ceux qu'elle veut couver.

Si Ariel est une Rebelle, ce n'est pas le fruit du hasard. Son empathie, son altruisme la pousse à agir en pensant à tous. Elle considère que les vampires et les lycans sont égaux aux humains et que tous doivent avoir une place sur Terre.

Ariel est anxieuse à cause de sa peur d'être socialement embarrassée et craint constamment le rejet. Ses mouvements sont parfois maladroits et raides lorsqu'elle se sent observée. Inquiétée par le changement, c'est toujours très difficile pour elle de changer d'environnement. Enfin, elle est très sensible au bruit et à la foule. Pour terminer, Ariel est assez tête en l'air et dispersée, parfois elle oublie d'enfiler un vêtement, ce genre de choses... Elle est très maladroite au quotidien.

Le passé qui m'a construit
Il y a vingt et un Ariel naissait dans un hôpital de Londres, c’était au début de l’été, en mi-juin. Avant le moment fatidique, une jeune femme de dix-sept ans avait signé une clause de confidentialité pour conserver son anonymat. Mise enceinte bien trop tôt par son petit copain adolescent, à cause d’une erreur, cette dernière ne se sentait pas capable d’assumer la responsabilité d’éduquer un bébé à son âge. Il faisait nuit et une douce chaleur enveloppait la chambre d’hôpital, comme des petites pièces brillantes anecdotiques, les étoiles éclairaient la voute céleste. Si seulement la bambin ne criait pas, alors cet endroit aurait presque pu être une alcôve paradisiaque. Si seulement les médecins n’enlevaient pas ce petit être des bras de sa mère en sanglot, alors peut-être que ce lieu aurait pu être un agréable souvenir. Il n’en était rien.

Abandonnée et non-désirée, voilà ce qu’était ce morceau de chair dépendant de la société. Une petite chose innocente et inoffensive qui n’avait rien demandé à personne. Mais, elle était là et on devait faire avec.

Ses trois premières années de vie se déroulèrent dans un orphelinat spécialisé où elle fut superbement bien accueillie. Très loin du bâtiment noir et de la nourrice démoniaque des romans glauques de certains écrivains, c’était plutôt une sorte d’immeuble facétieux aux nombreux couloirs décorés par des dessins d’enfants. Les chambres étaient doubles, il y avait des salles de jeux, des livres et des tas d’amusements nécessaires au développement d’un enfant. Cependant, dans cet endroit un peu spécial régnait quelques psychiatres, en effet à cause son mutisme survenu après ses six premiers mois, Ariel fut soupçonnée d’être autiste. Considérée comme telle jusqu’à ses cinq ans, l’adoption fut très difficile au point qu’aucune famille ne l’adopta jamais. Ce n’est que lors de sa cinquième année que l’hypothèse de l’autisme fut écarté au profit d’un mutisme sélectif.

Quelques mois après avoir soufflé sa cinquième bougie, Ariel était adoptée par un père célibataire et veuf. Sa femme était morte dans un tragique accident de voiture dans lequel elle n’était pas en tort. C’était la faute à un jeune adulte ayant pris le volant en étant complétement ivre. Cette fois encore l’alcool avait détruit deux familles et Nelson, le père adoptif d’Ariel, s’était fait la promesse de ne plus jamais boire depuis ce jour. En plus de tenir son propre cabinet de détective privé, encore aujourd’hui, parfois il fait le taxi pour des jeunes adultes ou adolescents qui reviennent de soirée.

La voilà maintenant prise en charge par un homme bon et intègre, un homme qu’Ariel considéra très vite comme son père, comme faisant partie de sa famille. En cinq ans, ils n’échangèrent que quelques mots et jamais la petite sirène n’avait pipé le moindre son en dehors de la maison. Son mutisme sélectif devenait progressif et les inquiétudes des médecins et du père adoptif se fondaient peu à peu. Peut-être ne parlerait-elle jamais ou si peu qu’entendre le son de sa voix relèverait du miracle.

Dix ans et aucun amour d’enfance, pas d’amis, pas d’amies, mais de très bonnes notes, une curiosité non bornée si bien qu’elle lisait déjà des encyclopédies scientifiques et psychologiques. Par contre, les jeux vidéo, ça c’était sans aucun problème son divertissement, tout y passait, du plus simple FPS aux jeux de stratégies jusqu’aux RPG. Elle se développa plus rapidement que la moyenne et sauta une classe au collège. C’est vers ses douze ans qu’Ariel commença le sport, son père trouvait qu’elle s’enfermait beaucoup de trop pour une jeune fille de son âge et il souhaitait la voir au moins se sociabiliser un peu, même s’il n’attendait pas trop d’elle sur ce point-là. Au final, Ariel dépassa les espérances de son père, car elle continua ses activités sportives très longtemps en plus de s'être faite une copine.

Au collège et au lycée, Ariel était très discrète et souvent on l’oubliait, si bien qu’on ne remarquait pas toujours son absence. Ca ne la dérangeait pas, elle préférait observer plutôt qu’être observée. Elle préfère être oubliée plutôt que d’être vue. Le harcèlement scolaire ne la toucha guère, au mieux dans sa classe les élèves la considéraient comme une ombre et au pire elle subissait quelques moqueries sans importances à cause de son mutisme.

Little Red entra très tôt à l’Université (15 ans) et choisit la filière mathématique. Pour préciser, elle aurait très bien pu aller en science, en médecine, en philosophie, en droit, en littérature... Ari aime littéralement toutes les matières intellectuelles et se passionne pour tout ! Soyons pragmatiques lui répétait son père adoptif : les maths étaient pour elle une facilité par défaut à cause de son mutisme. Sans la parole, c’est plus facile d’être mathématicienne que de devenir avocate. A seize ans, elle réalisa les 13 éléments d'Euclide.

Lorsque le scandale médiatique sur l’existence des loups garous et des vampires explosa, le père adoptif et la muette eurent tous les deux la même réaction. Pour et absolument pour l’intégration et l’acceptation des « monstres » dans la société. Partisans de l’altruisme et de la paix, ils décidèrent de rejoindre les Rebelles lorsque ce groupe se créa. A leur manière, ils aidèrent ces êtres spéciaux à se sentir un peu plus chez eux.

Et puis la voilà aujourd’hui. Vingt et un et habitante de Londres, une parmi les autres. En plus d’être une Rebelle, elle travaille parfois avec son père adoptif, mais son occupation principale reste la Faculté. Ayant trois années d’avance dans son parcours scolaire, elle reçut un Master à vingt ans et prévoit de devenir Doctorante à vingt-trois ans.