Qu'est-ce que la beauté? Une question philosophique.

Le physique qui me différencie
Quelle est, pour vous, la signification de la beauté? La beauté de l'âge, la beauté d'apparence, la beauté de l'aura... Je suis, ce qu'on pourrait dire, un mélange des trois. Sans être narcissique -et loin de là- mon physique sait plaire à la gente féminine de la cinquantaine malgré mon âge, et malgré ma race. Comment fais-je, vous dites?

L'être humain se fie encore à l'apparence d'une personne, peu importe ce qu'elle dira pour infirmer cela. La première impression est toujours importante.

Physiquement, on ne se mentira pas, j'ai l'air d'un homme âgé d'environ soixante-dix ans. Les rides gagnent mon vieux visage, perdant mes traits de jeunesse pour laisser place aux marques de l'expérience. Mes cheveux ont perdus leur teinte ébène, laissant la couleur poivre-et-sel prendre de l'ampleur dans ma chevelure. Ma barbe en ayant fait de même avec les années, et bien que je la laisse parfois pousser, celle-ci a prit une teinte blanchâtre. La calvitie a gagné un peu de terrain, mais je me compte parmi les rares chanceux à avoir encore presque tous ses cheveux. Mes sourcils perdent peu à peu de leur épaisseur, laissant le contraste avec mes yeux bruns attirer les regards sur mes iris foncés. Quand je me regarde dans la glace, dire que je me trouve encore beau serait mentir. J'ai beaucoup changé, et ce n'est pas pour le mieux. La vieillesse frappe. Moi qui croyait qu'elle serait encore loin, vu ma lycanthropie, je me suis trompé. Le temps passe si vite.

Les ravages de l'âge ont rapidement emportés ma jeunesse corporelle: Mon dos a commencé à prendre une légère courbe vers l'avant tout en laissant des maux incommoder ma vie quotidienne, mon corps se sent moins énergétique et beaucoup plus faible qu'auparavant, mes jambes peinent peu à peu à marcher des distances aussi grandes que je le faisais par le passé. Mes mains sont devenues toutes ridées, les veines et les os de ceux-ci se voient désormais très bien. Mes mains semblent développer une forme d'arthrite, rendant leur utilisation beaucoup moins plaisante, voir douloureuse à la longue. La pilosité de mon corps commence également à perdre leur pigmentation foncée, laissant ceux-ci presque invisible sur la surface de ma peau pâle. Bien malgré mes longues années d'entraînements, mes muscles commencent à devenir moins visible, moins rigide, laissant la place à un ventre plus gras que musclé. L'âge frappe de façon inévitable sur les mortels... et les lycans sont des êtres mortels.

Malgré mon apparence physique qui s'éloigne de la perfection, je reste quand-même attirant à l'oeil de la gente féminine de mon âge. La raison est simple: je fais attention à mon apparence. La première impression est importante. Je me coiffe correctement tous les matins, je prend le temps de bien arranger ma barbe, je me brosse les dents, je me lave, je porte toujours des vêtements soigneusement lavées, pliées et repassés. Ces vêtements sont souvent des complets à cravate. Qu'on le veuille ou non, malgré l'évolution de la société, une majorité se fie encore à l'apparence. C'est pourquoi il faut continuer de la soigner et de faire attention à ce qu'on a l'air. Je dégage une prestance importante, une confiance impressionnante, j'ai malgré tout une bonne posture pour mon âge, c'est ce qui tape dans l'oeil des gens en général.

Mon apparence lycane? Celle totalement animale, vous voulez dire.... parce que la forme que j'avais lorsque j'étais sous ma forme werewolf a beaucoup changé. Il est rare que je perde le contrôle face à mes émotions, cela dit il est rare que je prenne cette apparence monstrueuse où on voit encore mes muscles, ainsi que mes crocs acérés. Sous cette forme, j'étais grand, fort, puissant, et je faisais peur. Maintenant, j'ai perdu de ma rigueur, et quand la pleine lune prend le dessus sur mes émotions, j'ai beau être agressif, je reste moins puissant que je l'étais.

J'ai favorisé depuis longtemps la forme animale lors de mes transformations. Ceci dit, ma forme animale ressemble à un vieux loup solitaire ; Le museau grisaillé par l'âge, apparence légèrement maigrichonne malgré la posture fière que j'essaie de conserver en tout temps. Mon pelage, autrefois d'un brun chocolat, a désormais perdu de son éclat, étant plus terne et moins doux au toucher.

Le psychologique qui m'habite
Nous parlions de la beauté. Selon vous, quelle est sa signification? Et la vie, elle? Quel est son importance? Le cycle qu'elle nous offre, quels sont les risques qui y sont raccordés si nous brisons ce cycle? Les vampires et les lycans, eux qui vivent si longtemps, brisent-ils ce cycle?

Vous l'aurez deviné, mes jeunes âmes; Étant professeur de philosophie à l'université, mon esprit est envahi de questions existentielles. Le genre de questions dont nous avons tous une réponse, ainsi qu'un point de vue différent, dépendant nos convictions. Cependant, je reste relativement terre-à-terre, et malgré les longues années que j'ai passé sur Terre, je peux vous affirmer que le point de vue des gens a beaucoup changé au fil des époques. Malheureusement pour moi, je suis resté aux croyances et aux idéologies d'antan, ayant donc beaucoup de mal à comprendre celle d'aujourd'hui. Je suis croyant et pratiquant, les homosexuels et les noirs, j'ai beaucoup de difficulté à les côtoyer encore aujourd'hui malgré l'évolution de la société, je ne comprend pas les gens qui sont non-croyant ; comment font-ils pour vivre sans croire à une force, au delà? Comment peuvent-ils croire que le pure hasard des choses nous a fait évoluer et nous a offert tout ce que nous avons aujourd'hui? Ma conception de la vie n'est pas comme celle des autres de cette nouvelle ère, et maheureusement pour moi, je me dois maintenant de pratiquer dans le plus grand des secrets pour éviter de me faire juger par les plus jeunes âmes.

Influençable? Je ne le suis pas. Ça, non, sans quoi je serais sûrement comme tous ces jeunes ingrats qui se baladent nus dans la rue, ou accoutrés comme la classe ouvrière, les yeux sur leur téléphone sans fil... En tant qu'enseignant de philosophie, je me dois quand-même de conserver mon propre opinion, et être en capacité de défendre mon point de vue si nécessaire! Je sais que la mentalité d'aujourd'hui parle d'ouverture d'esprit, et de cesser de se fier aux apparences... mais l'être humain est fait comme ça ; Il juge par l'apparence les gens de leur entourage, et ce, bien malgré ce qu'ils laissent paraître. C'est pourquoi il faut faire attention à son apparence, et la soigner comme il se doit. Je garde quand-même mon pied par terre, et je tiens à défendre mes idéaux malgré le fait que je préfère pratiquer discrètement. Je ne tolère pas ceux qui dénigrent les croyants!

Si on sort un peu de mon emploi, je traîne souvent dans les bibliothèques. J'aime lire et apprendre.... Du haut de mon vieil âge, je peux clairement confirmer qu'on a jamais fini d'apprendre! Sinon, on peut voir que je suis quand-même un vieux bonhomme relativement sociable. J'aime rire, faire des blagues, sortir, et je ne suis pas quelqu'un qui passe son temps sur la philosophie à s'ennuyer. Après avoir passé tant d'années sur Terre, faut savoir comment passer le temps et se désennuyer! J'aime quand-même parler avec les gens, apprendre à connaître des personnes de la nouvelle ère, aller prendre un café tranquille. Les amis, pour moi, ils sont très rares, et je préfère de loin être seul que mal accompagné! Lycan ou humain, peu m'importe pour moi.... mais les vampires, eux, je ne les sens pas! Je n'ai peur de rien, dans la vie... mais les vampires, s'ils venaient qu'à gérer la ville de Londres, je ne survivrai pas à la crise cardiaque qui s'en suivra. Je ne laisserai jamais le monde entre les mains de ces bêtes sanguinaires qui se doivent de tuer pour vivre. Jamais.... et ce, au péril de ma vie. Mon pire regret et ma pire phobie serait de les voir se rendre au pouvoir, sans que je puisse y faire quoi que ce soit...  

Le passé qui m'a construit

Ligne du temps:

Jean-Bochart De-Champigny. Notre ancêtre. Le père était intendant de Rouen, alors que le fils, Jean-Bochart De-Champigny, sieur de Noroy et Verneuil, était intendant de la Nouvelle-France. Nouvelle-France, vous avez bien compris, puisque ce dernier a fini par remettre les pieds en France avec sa progéniture, quelques années avant de mourir. Il a ramené avec lui une maladie bien mal commode. Malgré les deux générations qui nous sépare, Sieur de Noroy et Verneuil nous a tout de même laissé un lourd héritage: le nom de notre famille, ainsi que le syndrome contractée en Nouvelle-France: La lycanthropie.

La lycanthropie de notre famille a descendue de génération en génération, comme s'il s'agissait d'un conte de fée raconté aux enfants. La Chasse Sauvage. Ils étaient de gentils lycans qui vivaient avec les sauvages de la Nouvelle-France. Notre ancêtre, le Sieur de Noroy et Verneuil, les a côtoyé pour apprendre à contrôler ses démons.

Je me souviens... des plus vieilles pensées qui me reviennent... notre maison gigantesque. Notre famille était pareille: Outre ma mère humaine (Reine-Aimée) et mon père lycan (Charles-Auguste), j'avais deux soeurs humaines (Wilma-Jeanne et Marguerite-Marie), trois soeurs lycanes (Marie-Émérentienne, Rose-Sophronue et Noëlla-Philomène), trois frères humains (Charles-Eugène, Joseph-Herménégilde et Jean-Maurice) et nous étions quatre frères lycans (Marie-Bertrand, Ulrick-Télesphore, Wilfred-Philibert ainsi que moi-même, Louis-Théodore). Faut croire que les noms composés étaient aimés de mes parents. Il y avait quinze ans qui séparait le plus jeune du plus vieux. Oh, je me souviens de la maison... Nous avions une grande maison. Il y avait cinq chambres: Mes parents avaient la leur au rez-de-chaussée, et le grenier était composé de deux chambres, soit celle de mes soeurs humaines et mes soeurs lycanes. Les garçons, nous avions deux chambres au premier étage, entre le grenier et le Rez-De-Chaussée. Nous nous levions tôt le matin pour aller gérer les champs et les travailleurs, nous allions à l'école alors que les filles apprenaient à coudre, faire à manger et s'occuper d'enfants. Notre vie se préparait, lentement, mais sûrement ; Nous avions dès lors commencé notre apprentissage pour un long périple. Malheureusement, aujourd'hui, outre moi-même il ne reste que mon frère jumeau Marie-Bertrand et ma soeur Marie-Émérentienne qui sont encore vivants.

Résumé de l'histoire, pour les âmes paresseuses:

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Il y a quelques années de cela, j'ai rédigé une lettre... pour chaque soeur, et chaque frère. Je les ai roulés, et je les ai mises dans une bouteille que j'ai fermé, et envoyé à la mer. Aucun but n'est réellement recherché au travers cet acte ; En mémoire de mes soeurs et mes frères, ces lettres ont été rejoindre le néant de l'océan.

Bouteille de vin contenant une lettre dédiée à Marguerite-Marie:

La lettre de Noëlla-Philomène dans sa bouteille:

Un seul règlement persistait dans la maison: en cas de pleine-Lune, c'est dans la forêt que nous devions aller. La coexistence était difficile... très difficile, à vrai dire. Je me souviens que les lycans et humains ne s'entendaient pas toujours bien, et nos vies étaient menacés à toutes les pleines lunes. Non seulement les transformations étaient violentes et dangereuses, mais les jeunes qui n'avaient toujours pas eu de transformations vivaient dans un continuel suspens : La crainte de les voir se transformer dans leur chambre en pleine nuit hantait tout le monde. Les soirs de pleine lune étaient très agités, c'était le cas de le dire. Mon père avait beaucoup d'ouvrage sur la planche, il ne pouvait pas se permettre de se relâcher une seule pleine lune, avec tous ces louveteaux qui perdaient contrôle.

L'inévitable est arrivé. C'était voué à l'échec dès le début. C'était notre crainte, à tous. Marguerite-Marie, Jean-Maurice et Ulrick-Télesphore sont tous les trois décédés lors d'une pleine lune, assassinés par notre soeur Noëlla-Philomène. La pauvre, avait peur de se rendre à la forêt seule les nuits de pleine lune... Elle a perdue contrôle dans la maison, et a vite menés ces trois-là à leur dernier repos. Marguerite-Marie et Jean-Maurice étaient les deux plus jeunes, et ils furent les premières victimes. Ulrick-Télesphore se serait interposé dans tout cela, ayant mit fin au carnage de Noëlla-Philomène en la tuant à son tour... mais en y laissant sa fourrure. J'étais dans la forêt, j'étais en transformation, je n'avais malheureusement pas assisté à ce désastre.... mais si je serais resté, j'aurais sûrement pu sauver ma petite soeur et mon petit frère. Je m'en veux encore d'être parti ce soir là. 29 août 1786. Une date qui me hantera toute ma vie.

Bouteille dédiée à Jean-Maurice:

Bouteille contenant les mots pour Ulrick-Télesphore:

15 ans. C'était l'âge que j'avais lors de ma première transformation. Je me souviens, cela avait été pénible. Les hurlements avaient déchirés la nuit, ma vision devenant tellement flou que je peinais à distinguer ce qui se trouvait devant moi... puis, «blackout». J'avais perdu toute notion du temps. J'avais l'impression d'avoir perdu conscience. Le douleur avait été tellement intense que je pensais que mes os s'étaient tous fracturés en même temps. J'en étais persuadé jusqu'à ce qu'on me dise ce qui s'était passé le lendemain matin, à mon réveil.

J'avais été emmené dans les bois par mon père, il m'ayant leurré pour que je le suive. En tant que lycan, quand on ne se souvient pas de ce qu'on fait, on est géré par notre instinct, et celle-ci dicte de tuer, de manger, se nourrir et dominer. Mon père savait comment faire pour me gérer, et s'est assuré que je m'éloigne le plus possible de la famille pour que je ne leur fasse pas de mal. Je m'étais battu avec mon père un instant, et il avait veillé sur moi toute la nuit pour que je ne commette pas d'autres meurtres. Je n'ai aucun souvenir de cette horrible nuit, si ce n'est que le goût amer du sang entre les dents lors de mon réveil le lendemain matin. J'avais tué quelqu'un, ou quelque chose, mais je n'arrivais pas à m'en souvenir. Ça fait quand-même 245 ans, il ne faut pas trop m'en demander!

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Mariage: 18 ans. J'avais choisi une demoiselle fabuleuse. Alphonsine-Zéphirine Arrouy-Lacraverie Dit L'Écrevisse. Son splendide nom.... je l'oublirai jamais! J'ai eu mes enfants avec elle.... je vous épargnerai les noms. Deux garçons, et une fille. Les trois étaient lycans, malheureusement. La maison fut achetée bien jeune, vu la fortune familiale que nous avions des deux côtés.... ainsi qu'une grande terre, que nous avions pu exploiter à son meilleur grâce à des esclaves de la classe des pauvres. Ils étaient travaillants, les pauvres. Tout pour avoir leur centime à la fin de la journée! Malheureusement, cela n'avait pas duré. Trois enfants plus tard, ma femme s'est retirée la vie. Suite à cela, je me retournais vers l'église: je comptais m'y consacrer un peu plus, question de tenir le coup un peu mieux.

Bouteille dédiée à Alphonsine-Zéphirine:

Un autre suicide... comme je pourrais l'en décrire. Mon frère, Wilfred-Philibert, a décidé d'annoncer à la famille qu'il était homosexuel. C'était la goutte de trop pour mon père, lui qui avait remarqué l'entêtement de son fils à éviter la question des mariages. Mon père en a donc rapidement parlé à un médecin -Rappelons qu'à l'époque c'était une maladie digne de la peine de mort- et malheureusement, le médecin l'a dénoncé sur la place publique. Première humiliation pour la famille: il fut exécuté sur la place publique, tué par la foule en colère.

Bouteille dédiée à Wilfred-Philibert:

Une meute s'est rapidement créé du côté des lycans de ma génération et de ma famille. Les neveux, nièces ainsi que mes propres enfants vinrent rapidement au monde, et ce, aussitôt l'âge de 16 à 18 ans atteint, et le mariage fait. C'est tard, oui, et avec raison: Nous devions être sûrs que la lycanthropie ait fait ses premières apparitions chez les porteurs de gènes. Nous ne voulions pas de mauvaises surprises, si vous voyez ce que je veux dire! Cela dit, mes soeurs, frères, nièces, neveux, mes propres enfants et moi-même avions donc fondés une meute, tout en dressant mon père au sommet de la hiérarchie. Il avait eu la chance de connaître Jean-Bochart de-Champigny, c'était son grand-père... et il sut hériger et gérer cette meute mieux que quiconque. Apprendre à se contrôler, contrôler les nouveaux, les aider et les guider dans le droit chemin. C'était le but de la meute. Nous avions honoré le nouveau centenaire 1800 avec la fondation de cette meute.

Cinq ans après la fondation de la meute. Rose-Sophronue s'est maleureusement transformée en public. Rien à faire. Celle-ci a été traquée, son nom a été notée dans les avis de recherche, et cela avait prit quelques jours. Elle avait été retrouvée, et mise en état d'arrestation. Nous avions beau tout tenter, celle-ci fut accusée de sorcellerie, et décapitée sur la place publique.

Cette situation a mit en alerte toute la meute: Si nous nous faisions attraper de la même façon, c'était la mort assuré pour nous aussi. Cela avait refroidi tout le monde, et plusieurs règlements strictes furent incorporés à la meute, dont la limitation d'une cachette pour nous dans la forêt, la sécurisation des Terres familiales pour nos transformations et l'ordre de s'en servir.

Lettre consacrée à Rose-Sophonue:

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Le plus vieil humain était Joseph-Herménégilde, c'est donc lui qui a hérité de la maison ainsi que des Terres. Il était humain, certes, mais à l'époque, la lycanthropie était signe de diablerie, et nous ne pouvions pas entacher la réputation de la famille avec cela. C'est pourquoi, question discrétion, un humain a hérité de tout cela. Joseph-Herménégilde a mené une vie merveilleuse auprès de sa femme et ses enfants, et a fait de cette maison une place tout simplement accueillante, chaleureuse. Il n'a rien déplacé des souvenirs que nous avions laissés dans cette maison, et mon père a su y trouver une chambre pour lui une fois ma mère décédée. Celle-ci était morte quelques années après avoir donné naissance à son dernier enfant. Elle était enceinte, encore, mais son corps n'a pas su prendre un autre nouveau-né.

Quand la maladie a emporté Joseph-Herménégilde, mon père venait de réaliser que la vieillesse gagnait les humains de la famille. Une longue dépression s'en était suivi pour lui. La perte de son fils par la vieillesse et la maladie n'avait eu pour effet qu'un grand choc émotionnel, et malheureusement, la maladie gagnait mon père. La maladie mentale, certes. Dans une crise de démence, il se retirait la vie.

Lettre dans une bouteille de vin au nom de Joseph-Herménégilde:

Peu de temps après la mort de père, c'est ma soeur Marie-Ermérentienne qui a prit les commandes de la meute. Je trouve cela dommage, puisqu'elle n'avait pas la même façon de gérer que Père... et cela avait eu des répercussions sur tout. Certains sont partis de la meute, d'autres ont été refroidis par sa façon de gérer... malgré tout, elle a tenu son bout et a imposé sa façon de travailler. C'était elle, la cheffe, maintenant. Les règlements étaient plus strictes, on nous donnait des tâches à faire, des missions à accomplir, on avait l'impression que la meute servait à autre chose que rassembler les loups solitaires. On devait les gérer, les aider à se contrôler, le but de la meute était maintenant d'aider les nouveaux... mais juste ça.

Peu de temps après le passage de Marie-Emérentienne comme Louve Alpha, nos deux derniers frères et soeurs humains encore en vie ont été emporté par la vieillesse. Wilma-Jeanne et Charles-Eugène ont trouvé la mort dans l'atroce souffrance de la vieillesse. Ils avaient peine à marcher, leur énergie n'était plus. Nous les avions vu vieillir, et cela avait donné un coup gigantesque à la famille.

Bouteille à la mémoire de Wilma-Jeanne:

Bouteille dédiée à Charles-Eugène:

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En tant que lycan, nous avons vu la mort de nos proches... sans toutefois passer dans ce cycle de la vie. J'étais encore vivant, d'apparence jeune, et ce malgré mon âge. J'étais épuisé mentalement, la perte de ma famille m'ayant plus qu'exaspéré. Et ce n'était pas fini: deux de mes enfants étaient humains, et malheureusement, je les ai vu vieillir, et mourir avant moi. Aucun parent ne devrait avoir à enterrer ses enfants. Malgré tout, la vie ne s'arrête pas là... pour nous.

J'avais donc opté pour des études générales. J'étais retouné à l'école, oui. J'allais apprendre la base en psychologie et en philosophie. Je voulais aider les jeunes lycans à se contrôler. Je voulais emmener les jeunes à découvrir leur propre voie, leur propre façon de penser. Avec l'âge et l'expérience, j'avais pu affirmer être en mesure de donner une leçon de vie. Malgré tout, je ne pouvais pas me permettre de tout raconter. L'exécution publique de ma soeur Rose-Sophronue m'avait traumatisé, et pour le moment, je n'allais tout de même pas tout révéler comme ça...! Si jamais on me réservait le même sort, même après toutes ces années?

13 janvier 1920. C'était ma nouvelle date de naissance, pour mon entrée en tant qu'enseignant pour l'Université de Paris, en 1945. C'est là que s'amorçait une carrière magnifique qui dura 40 ans, jusqu'à une retraite forcée par l'état en 1980, soit à un supposé 60 ans... selon ma fausse date de naissance, on s'entend! J'avais vécu beaucoup de bonnes -et mauvaises- péripéties, j'avais vu l'évolution de la société sous un autre angle. C'était facinant! J'allais en profiter pour me reposer pendant quelques années. J'avais été un des enseignants les plus performants et les plus motivants pour les élèves, il semblerait. Du moins, c'est ce qu'on m'avait dit lorsque j'avais prit ma retraite!

Bouteille dédiée à Marie-Bertrand:

Après ce périple de quarante ans, j'avais décidé de me consacrer un peu plus à la meute familiale, auprès de Marie-Emérentienne, ma soeur. Entre temps, j'avais perdu de vue mon frère jumeau Marie-Bertrand. Il était supposément parti en voyage, mais depuis ce temps, je n'eus jamais eu de ses nouvelles. Pendant près de quarante ans, encore, j'avais transmis mes savoirs aux nouveaux. Je les avais aidé à s'adapter à leur vie de lycan, faisant le deuil de mon jumeau en même temps. J'étais un bon mentor. Malheureusement, cela n'avait pu continuer plus longtemps.

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Les médias avaient emmenés les lycans et les vampires au grand jour. Nous n'avions plus besoin de cacher notre réelle identité, certes, mais maintenant, l'état a trouvé des moyens de nous détruire. C'est donc avec regret que j'avais dû mettre de côté mes dogmes, pour partir en guerre. Va savoir pourquoi, Marie-Emérentienne voulait nous envoyer directement à Londres, pour détruire... La Chasse Sauvage. Cette meute tirée d'un compte de fée que ma famille nous avait raconté quand nous étions jeune. Elle serait rendue à Londres, de source sûr... et on doit aller la détruire pour satisfaire l'orgueil de Mademoiselle Marie-Emérentienne Dite Émental De-Champigny.

Lettre dédiée aux membres de la meute... individuellement.:

Une semaine plus tard, j'étais dans l'avion, en direction de Londres. Les pieds dans le nouveau pays, rapidement nous nous trouvions un hôtel sachant héberger la majorité de la meute. C'est sous forme animale que nous nous étions infiltré auprès de la Chasse Sauvage... cependant, cela ne s'était pas déroulé comme prévu. Les autres membres de la meute avaient insisté pour attaquer de cette façon, alors qu'il était logique que ça ne fonctionnerait pas! Notre odeur est bien différente de celle de la Chasse sauvage, il était évident que nous allions nous faire prendre à notre propre jeu.

Comme je le prévoyais, la Chasse Sauvage se retournait bien vite contre nous, anéantissant plus de la moitié de la meute. Certains se sont enfui, et moi, j'avais été gardé captif en prévision de me tuer. La mort. Je ne voulais pas mourir, c'était évident pour moi...

C'est donc avec des yeux piteux, un air soumis et un supplice que j'avais réussi à m'épargner la mort. J'avais négocié longuement avec eux, j'avais accepté les règlements sévères de la meute à mon égard, et pour ma part, je leur avait juré fidélité et loyauté. Je leur devait bien cela, ils m'avaient épargné la mort. À force de discuter avec eux, j'avais réussi à faire comprendre que je n'étais pas pour l'attaque, et que j'y avais été forcé... et que je ne comprenais pas pourquoi on avait demandé d'attaquer une meute qui avait des mêmes convictions que nous! La Chasse Sauvage a donc accepté de me laisser en vie, sous haute surveillance... pour les premiers temps.

Maintenant à Londres, je devais à tout prix me trouver un logement ainsi qu'un emploi si je voulais y vivre. C'était le moment parfait pour me faire passer pour mort au sein de ma meute natale, l'alpha ayant défié nos propres dogmes. Je quittais cette meute. J'allais m'offrir une nouvelle vie, dans ce nouveau pays.

Pour commencer: En quoi j'étais doué? L'enseignement. J'avais un perfectionnement en philosophie, c'est donc enseignant en philosophie que je m'étais lancé, à pour le London Metropolitan University. Accepté haut la main, je me trouvais rapidement un logement. Aout 2027, c'est là que je commençais à enseigner de nouveau.

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Entre temps, je lançais, à mon compte, des cours de contrôle de soi, ainsi que de Yoga pour les lycans. Des annonces passent parfois dans la gazette de la ville. Je tiens à continuer de transmettre mon savoir quant au contrôle de soi des lycans, pour que les plus jeunes apprennent plus rapidement à se contrôler. Les sentiments et les émotions sont le début de tout, pour un lycan, et c'est en apprenant comment contrôler notre colère et nos émotions que nous réussissons plus facilement à contrôler nos transformations. C'est donc là dedans que je mets de l'emphase, à présent.

Je continue mes cours de philosophie à l'université. Mon expérience m'a aidé à gérer beaucoup de nouveautés. Depuis que j'ai quitté le domaine il y a près de soixante ans, l'homosexualité a été décriminalisée et le mariage homosexuel a été autorisée, les noirs ne sont plus des esclaves, les arabes courent les rues, les filles se baladent presque nus dans la rue tandis que les hommes portent des gestes souvent réprobateur face à ces jeunes filles. C'est difficile de suivre le rythme et de m'adapter à ces façons de penser qui sont très ouvertes d'esprit. Pour ma part, je suis encore attaché à l'église, et les péchés se doivent encore d'être confessés. Je ne peux simplement pas croire que les êtres humains se baladent comme ça sans croire en quelque chose.

Outre cela, je m'investis dans la meute. J'ai réussi à gagner leur confiance, et je porte tous les efforts possible auprès d'eux. Je m'investis auprès des jeunes, en tant que marcheur, je les aide à s'adapter à leur vie de lycan. C'est ce pour quoi je suis le meilleur. Il n'y a rien de mieux qu'un vieux sage pour aider les jeunes ainsi que la relève dans ce genre de situation.

J'ai bien vieilli. J'ai fait des erreurs, certes, mais je tente de passer par dessus et les corriger. Malgré mon vieil âge, je compte quand-même continuer de m'investir autant que je le pourrai dans la relève. Mon dos peine à tenir le coup au fil des années, ma chevelure blanchie peu à peu, les rides gagnent mon visage, mais la sagesse et l'expérience habitent mon âme. Je tenterai toujours de corriger les erreurs que j'ai fait dans ma vie, et je ferai tout mon possible pour continuer dans le chemin que je crois être le bon.

Bouteille dédiée à Marie-Emérentienne: