Manjula

Le physique qui me différencie
Femme de moins de 30 ans, je ressemble à toutes les indiennes, pour vous, occidentaux. La peau bronzée du sud, les yeux marrons, en amande. De très longs cheveux noirs que je tiens le plus souvent en tresses, car oui, se couper les cheveux, dans ma culture n’est pas quelque chose d’aisé. Nous le faisons une fois, lorsque nous passons à l’âge adulte, puis, normalement, plus jamais. Je m’autorise, néanmoins, une coupe de rafraîchissement une fois par an, afin de m’intégrer à la population londonienne. Je ne voudrais pas que l’on me reproche de ne pas m’intégrer.
Niveau vestimentaire, je m’habille comme une occidentale la plupart du temps. Bien, il va sans dire : en tailleur, en jean de temps en temps. Mais mes vêtements préférés restent ceux de ma région, mon sari ne quitte jamais trop longtemps ma peau, d’ailleurs. Il faut dire que cela me va comme un gant et me donne ce petit côté exotique que beaucoup de personnes apprécient.
Que dire de plus… Je sais avoir un petit accent de là-bas, que je peine à effacer malgré le fait que je sois sur votre territoire depuis bien des années. Mais après tout, « cela fait mon charme ». Notez, cela dit, que j’aime les bijoux imposants, l’or et les rubis, tout ce qui fait ressortir ma peau du sud.
Oh si, j’oubliais. Je ne suis pas une femme forte, plutôt fluette, je pourrais très bien passer inaperçu sans le charisme que j’ai appris à dégager au fil du temps. Une poitrine loin d’être imposante, une taille menue, oui, je suis comme toutes les indiennes et rien ou presque ne me différencie d’elles.

Le psychologique qui m'habite
Charismatique, obstinée, charmeuse politiquement parlant, voici les trois adjectifs que beaucoup trouveront à mon égard en premier lieu. Il faut dire que j’ai été à bonne école avec mon père, ambassadeur d’Inde.
Formée dans la plus grande académie politique de Londres, je suis aujourd’hui une figure de la classe politique anglaise. Une figure montante, il va sans dire. Vous ne me connaissez pas ? C’est normal. Je commence seulement à me créer un nom.
Dans la vie privée, je suis une personne assez imbue de moi-même, de mes richesses (celles de mon père pour la plupart). Je sais ce que je vaux et je revendique ma place sans me soucier des autres. Ce que je veux pour mon pays ? Un monde où régnerais paix et calme, un peu comme l’hindouisme nous demande. Mais j’aimerais aussi pouvoir retranscrire les castes de mon pays ici. Les intouchables étant les vampires, car j’ai une haine des vampires. Pourquoi ? Shiva seule le sait, mais je ne veux qu’une chose : les voir tous éliminer ou au moins traîné plus bas que terre. Les Intouchables seraient donc une bonne caste pour eux. Le reste de la population pourrait être divisé avec les autres castes. Loups ou humains je n’en ai que faire pour le reste, cela m’est indifférent.
Une peur ? Bien sûr que j’en ai. J’ai peur de tomber, de m’empierger et de ne pas pouvoir me relever. Je préfèrerais mourir que perdre.

Le passé qui m'a construit
Ainée d’une fraterie de 6 enfants, mon père Apu et ma mère Fahraa font partis de la caste kshatriya. Mon nom de famille peut en témoigner, car c’est l’un des grands noms de cette caste.
Je suis née à Bombay le 2 novembre 2006. Mes frères et sœurs se nomment : Alisha, Chandra, Kalpita, Tamish et Vijayalkshmi. Mon père était un grand homme politique d’Inde, ministre plusieurs années de suite, député. Il a rencontré la Reine d’Angleterre et les Princes bien souvent. J’ai donc été élevée dans un parfait respect de notre pays et du Commonwealth. Alors âgée de 10 ans, mon père a été nommé ambassadeur d’Inde en Angleterre. Nous sommes donc partis, tous ensemble, vers ce qui nous semblait – et était – l’autre bout du monde. Ho bien sûr nous parlions anglais (ainsi que français, en plus de l’hindi), mais notre accent nous empêchait de nous mêler à la population locale. Néanmoins, mon père tenait à ce que nous puissions nous intégrer, ainsi nous a-t-il inscrit à Wycliffe, l’un des meilleurs pensionnats d’Angleterre, dans le Gloucestershire. J’y passai alors 7 ans. Je ne voyais que rarement mes parents, toujours en quête d’autres relations politiques à travers le monde, mais cela m’apprit rapidement l’autonomie totale, de fait, je me détachai très vite de la nurse qui nous avait été attribué, à mes frères et sœurs ainsi qu’à moi.
A 17 ans et trois jours exactement, j’intégrai alors l’Université de Cambridge. Pas besoin de la présenter, vous la connaissez tous. Bien sûr je méritai d’aller là bas. Mes résultats scolaires étaient excellents, j’étais sérieuse, populaire, sûre de moi. Que de qualités ! Mon seul défaut ? Je travaillai sûrement trop, et j’étais peut-être un peu trop perfectionniste. Enfin. J’ai intégré le Department of Politics and International Studies. J’ai, bien entendu, eu mon diplôme haut la main. Et je m’estime heureuse, maintenant que j’y pense. En effet, en Inde, j’aurais sûrement moins eu de chance qu’ici, en Angleterre. Ma destinée aurait peut être été de me marier avec un certain Kessavaperoumal et d’avoir quatre enfants. D’ailleurs, je les aurais sûrement appelé Krishnamoorti, Preetiwardhan, Mahalakshmi et Rajaonarimampianina. J’adore les prénoms longs. Enfin là n’est pas la question. Je n’étais ni mariée, ni mère de famille. Non, mon destin allait être bien plus glorieux, et heureusement !
Aujourd’hui, je suis de retour à Londres. J’habite, pour le moment, dans la villa de mes parents. Les élections municipales approchant, je me suis décidée à revenir dans cette grande ville en espérant bien gagner des voix. D’ailleurs… Il n’y a aucune raison que je ne gagne pas puisque je suis la meilleure politicienne de cette ville.